Le problème de la prise en charge de l'hypertension artérielle (HTA) ne trouve pas sa solution uniquement en une prise médicamenteuse. Il est rafraîchissant d'observer que parfois nos collègues américains redécouvrent que la terre est ronde. La pratique de la médecine ne se départit pas de l'influence de modes et l'on est en train de redécouvrir que certains déterminants de la santé des populations ne se trouvent pas uniquement dans une approche thérapeutique pharmacologique, mais aussi dans un style de vie. Dans un récent numéro du New England Journal of Medicine, un excellent article (N Engl J Med 2001 ; 344 : 3-10) accompagné d'un éditorial (N Engl J Med 2001 ; 344 : 53-5) analyse les effets délétères du sodium sur la tension artérielle. L'hypothèse des auteurs se fondait sur un effet bénéfique de la diminution d'apport de sodium sur le contrôle de la tension artérielle (TA). Il leur semblait que les données rapportées dans la littérature n'étaient pas suffisantes ou incomplètes (tout en citant des sources déjà fort pertinentes datant de 1954). Mais il faut bien sà»r relever la solidité et le sérieux des éléments rapportés qui ne peuvent que nous inciter à rappeler à nos patients, et pas seulement aux patients hypertendus, le bénéfice de mesures non médicamenteuses sur leur santé. Le même groupe avait déjà publié en 1997 les résultats d'une modification de diète (nommée régime DASH) sur la TA. Des apports riches en fruits, en légumes, mais pauvres en gras, avaient clairement démontré un effet bénéfique sur la TA. Ces auteurs se sont maintenant intéressés aux possibles effets qu'une diminution de l'apport sodique apportait en plus dans ce domaine.Quatre cent douze patients furent randomisés soit vers une alimentation «normale pour les Etats-Unis», soit vers un régime DASH. De plus, dans chaque groupe, les participants consommaient des aliments ayant un contenu riche intermédiaire ou pauvre en sodium. Les résultats sont éloquents et démontrent de manière indiscutable que, d'une part, la diminution de sodium diminue la TA et, d'autre part, que cette diminution est plus importante si une diète de type DASH est appliquée. Cet essai met en évidence, entre le groupe recevant le plus riche apport en sodium et un régime normal et le groupe DASH et l'apport le plus pauvre en sodium, une diminution de la pression artérielle de même amplitude que celle observée par un traitement médicamenteux (soit une diminution de 8,9 mm de systolique et 4,5 de diastolique). Ces résultats ne provoqueront certes pas une révolution dans le monde scientifique, mais ils doivent rappeler que des mesures relativement simples, quoique difficiles à observer à long terme, peuvent avoir une implication importante en termes de santé publique. En effet, de telles mesures, rapportées à une population, peuvent entraîner des diminutions drastiques de la morbidité et de la mortalité cardiovasculaires.