Joli mois de mai et toujours cette triste ritournelle qui atteint cette fois les Pyrénées où un cas de vache folle a, pour la première fois, été diagnostiqué dans le département des Pyrénées-Atlantiques. La préfecture indique qu'il s'agit d'une vache de 5 ans et demi de race montbéliarde qui faisait partie d'un troupeau de six bovins situé dans le nord-est du département des Pyrénées-Atlantiques. «Les cinq autres animaux de cet élevage ont été abattus le 2 mai 2001 et une indemnisation sera versée à l'exploitant», précise un communiqué préfectoral. La bête atteinte était arrivée dans cet élevage à l'âge de huit jours, a-t-on expliqué «de source autorisée». Elle avait été abattue le 11 avril dernier, après que son éleveur eut signalé aux services vétérinaires des symptômes suspects. Il s'agit du 309e cas d'ESB dépisté en France et du deuxième dans la région Aquitaine où le premier cas avait été détecté dans le département des Landes, en l'an 2000.A Paris, un événement important n'a sans doute pas eu l'écho qu'il méritait : le courrier, en date du 25 avril, adressé par cinq ministres du gouvernement Jospin à tous les maires de France. L'initiative vise, très concrètement, à pousser au plus vite à la reprise de la consommation de viande bovine dans les cantines scolaires et plus généralement toute forme de restauration collective placée sous l'autorité municipale. «La nouvelle crise de l'encéphalopathie spongiforme bovine, déclenchée à l'automne 2000, a entraîné une forte baisse de la consommation de viande bovine. Certains d'entre vous ont relayé l'inquiétude de l'opinion publique et supprimé la viande de buf des cantines scolaires, écrivent les cinq ministres. Nous voulons vous dire que, si nous comprenons le désarroi de nos concitoyens, il reste nécessaire de faire prévaloir la raison». Peu banale missive émanant d'un gouvernement qui mesure certes l'impact sanitaire de la question mais qui ne peut pas non plus ne pas prendre en compte la dimension économique du sujet. «Toutes les études scientifiques conduites jusqu'à présent ont montré que l'agent de l'ESB n'est pas présent dans les muscles» écrivent Daniel Vaillant (intérieur), Jack Lang (éducation nationale), Jean Glavany (agriculture), Bernard Kouchner (santé) et François Patriat (consommation). Les cinq ministres confirment d'autre part que selon tous les éléments d'information dont on dispose aujourd'hui «il n'y a pas de raison de délaisser la consommation de viande bovine dans la restauration collective». Après une initiative similaire, prise il y a quelques mois par Lionel Jospin, c'est la première fois que le gouvernement français prend une initiative collective de cette nature. Faut-il redire qu'en France la consommation de viande de buf est actuellement de 20% inférieure à ce qu'elle était en octobre 2000, période à laquelle de nombreux maires ont commencé à retirer cet aliment des menus scolaires ?Dans l'ensemble de l'Union, selon les chiffres de la Commission européenne, la consommation n'a chuté «que» de 18% par rapport à la même période de l'an dernier, ce qui pour Bruxelles constitue un «léger progrès» par rapport à la baisse de 23% constatée au cours du mois précédent. «Cette augmentation pourrait toutefois être temporaire en raison de la période de Pâques», peut-on lire dans un communiqué de l'exécutif européen, qui montre que la situation est très différente selon les Etats membres de l'Union avec, toujours, un «record» pour l'Allemagne qui a enregistré le mois dernier une baisse située entre 40 et 50% de sa consommation de viande bovine. Dans le même temps, les stocks européens de viande bovine s'accroissent rapidement : près de 190 000 tonnes sont actuellement entreposées dans des réfrigérateurs de l'Union et quelque 481 000 animaux de plus de 30 mois ont été abattus et détruits par incinération (dont 155 000 en France et 189 000 en Irlande) pour «désengorger le marché».Coïncidence ? Fatalité ? La veille du jour où les cinq ministres français adressaient leur courrier aux maires du pays, décédait la troisième personne atteinte, en France, de la variante de la maladie de Creutzfeldt-Jakob. Le décès de ce jeune homme âgé de 19 ans a été annoncé le jeudi 26 avril par ses parents qui, associés à une autre famille de victime, ont l'an dernier déposé une plainte ayant donné lieu, en décembre, à l'ouverture d'une information judiciaire pour «homicide et blessures involontaires et mise en danger de la vie d'autrui». Il avait aussi été le premier malade atteint de la vMCJ à paraître à la télévision lors d'une émission diffusée par la chaîne M6, initiative qui avait eu un grand impact sur l'opinion. «On nous a conseillé de nous taire, pour ne pas affoler les gens et ne pas avoir les médias devant notre porte, avait alors déclaré sa mère. Notre fils a été empoisonné, il n'est pas question de le laisser tomber». Au lendemain du décès, une biopsie cérébrale a été pratiquée au groupe hospitalier de la Pitié-Salpêtrière (Paris) afin de confirmer le diagnostic. Les spécialistes estimaient toutefois, au vu d'une série d'examens biologiques, génétiques et histologiques sur un prélèvement d'amygdales qu'il s'agissait d'un cas «hautement probable» de vMCJ. Pour Me François Honnorat, avocat de la famille Eboli, ce décès «n'enlève rien à la détermination des parents, bien au contraire». «Ils continuent à considérer que leur enfant a été empoisonné et qu'il existe des moyens de prévenir cette contamination» a-t-il précisé. A la suite de la plainte de la famille Eboli, une information judiciaire a, à la demande de l'association des victimes de la maladie de Creutzfeldt-Jakob créée par Olivier Duplessis par ailleurs président de l'association des transfusés été confiée à la juge d'instruction parisienne Marie-Odile Bertella-Geffroy déjà en charge des affaires du sang et de l'hormone de croissance contaminés. On compte aujourd'hui une centaine de victimes de la vMCJ. Est-il impératif, citoyens, de manger de la viande bovine ? W