Edito: Le long fleuve tranquille et ses sables mouvants
J.-Ph. Assal
Rev Med Suisse
2001; volume -3.
21503
Résumé
«C'est fréquent de nos jours
normal avec votre mode de vie
il vous faut diminuer le stress
le XXIe siècle sera celui de la prévention des maladies
et en plus la recherche de pointe vient à notre secours : ce soir à la télé, nouvelles technologies médicales : implantation de cellules musculaires dans le myocarde infarci
et les nouvelles méthodes génétiques résoudront ces problèmes de diabète, de maladies pulmonaires
». La liste de ces déclarations médicales pourrait être longue. La réalité clinique est quelque peu différente : pas d'argent pour la prévention en cabinet, les assurances ne s'y intéressent pas ouveulent la faire à leur manière ; budgets importants pour les diagnostics rapides et à distance, la médecine est toujours centrée sur les interventions aiguës
C'est devant cette toile de fond qui voit se dérouler plus du 80% des consultations médicales ambulatoires, que doivent fonctionner les médecins. Que cachent les maladies chroniques ? On en maîtrise de mieux en mieux l'épidémiologie, la physiopathologie s'affine, les activités pharmacologiques sont comparées dans un suivi rigoureux et se concluent en recommandations «evidence prooved». Pourtant, diabète, hypertension artérielle, asthme bronchique, pour ne citer qu'eux, ne sont pas mieux traités au niveau de la population générale. Entre 30 à 50% des malades prennent mal leur traitement et ceci à l'insu du médecin. Peu d'entre eux comprennent réellement comment gérer leur traitement. La formation médicale initiale, centrée principalement sur le diagnostic et le choix raisonné du traitement, ou encore sur la gestion de la crise, n'a pas su assurer une formation pertinente pour la prise en charge de la dimension chronique de la maladie et le poids affectif que portent le malade et sa famille. Tout est prêt pour intervenir en cas de crise, peu de savoir-faire est transmis pour un maintien de la qualité du contrôle de la maladie entre les épisodes aigus. Les berges sont des sables mouvants.Cette série d'articles présente quelques points de repères qui devraient nous sensibiliser à la complexité du suivi des patients atteints de maladieschroniques. Ils devraient aussi nous signaler des pistes de formation, comme celles proposées par la Faculté de médecine de Genève avec son diplôme d'enseignement thérapeutique et de suivi à long terme des malades atteints d'affections chroniques. Donner un statut académique et reconnu par l'Organisation mondiale de la santé à cette nouvelle dimension de la formation médicale, permet, nous l'espérons, de faire face professionnellement à l'épidémie de maladies cardiovasculaires, métaboliques et pulmonaires, entre autres, auxquelles notre siècle est confronté.
Contact auteur(s)
J.-Ph. Assal
Médecin-chef de service
Division d'enseignement thérapeutique pour maladies chroniques
Hôpital cantonal universitaire
Genève