En conditions normales, le gène suppresseur de tumeurs P53 est inactif. Il n'est activé que lorsque l'ADN est endommagé. Son expression a alors pour effet d'inhiber la croissance tumorale en empêchant les cellules anormales de proliférer et en activant l'apoptose. L'équipe de Yue Xiong, du Lineberger Comprehensive Cancer Center de l'Université de Caroline du Nord (Etats-Unis), a décrit, début juin, un mécanisme par lequel cette activation a lieu (Lancet 2001 ; 357 : 1857).Xiong et ses collègues ont découvert que la région N-terminale de P53 contient un signal d'exportation nucléaire qui permet de transporter P53 du noyau vers le cytoplasme où il est dégradé lors de la croissance cellulaire normale (Science 2001 ; 292 : 1910-5).«P53 ne doit pas fonctionner durant la croissance cellulaire normale, lorsque l'ADN n'est pas endommagé», explique Xiong. «Dans ces conditions, P53 est transporté du noyau dans le cytoplasme où il est dégradé».L'endommagement de l'ADN déclenche la synthèse de kinases qui phosphorylent deux résidus sérine dans la région N-terminale de P53. «La phosphorylation de Ser-15 inhibe la fonction du signal d'exportation, P53 n'est alors plus exporté ni dégradé dans le cytoplasme, indique Xiong.Comme le type sauvage du gène P53 est encore présent dans la moitié des tumeurs, cette découverte incite à développer des médicaments dont le rôle serait de réactiver P53 chez les patients atteints du cancer. «En bloquant l'exportation de P53, il est possible d'imaginer qu'un jour nous pourrons réactiver la fonction de P53 dans les tumeurs pour bloquer la prolifération cellulaire ou pour induire l'apoptose», commente Xiong.