On sait que l'obésité se définit comme un excès de masse grasse entraînant une série de conséquences néfastes pour la santé. En pratique clinique, la corpulence doit être estimée au moyen de l'index de masse corporelle (IMC), qui pondère le poids corporel à la taille de l'individu : poids (en kg)/taille (en m2). Dans ce cadre, l'obésité se définit par un IMC supérieur ou égal à 30 kg/m2, l'obésité morbide par un IMC supérieur ou égal à 40 kg/m2. On sait aussi que dans de nombreux pays industrialisés la prévalence de l'obésité est en progression. En France, elle est actuellement estimée chez l'adulte à 6-10% pour les hommes et à 7-11% pour les femmes. La prévalence de l'obésité morbide est moins bien connue ; toujours en France, elle est estimée chez l'adulte à 0,2-0,3%, ce qui représente entre 100 à 150 000 personnes. C'est dire l'importance des travaux que vient de mener l'Agence nationale d'accréditation et d'évaluation en santé (Anaes) sur ce thème.«Il existe de nombreuses complications associées à l'obésité, au premier rang desquelles on trouve l'augmentation du risque cardiovasculaire, en particulier d'hypertension artérielle, d'hyperlipidémie et de diabète de type 2, rappellent les spécialistes réunis sous l'égide de l'Anaes. Les risques de mortalité et de morbidité associés à l'obésité sont corrélés au degré de surpoids. Le traitement de l'obésité consiste dans la majorité des cas en une prise en charge médicale multidisciplinaire ; la chirurgie de l'obésité n'est envisagée qu'en cas d'échec de ce premier traitement pour certains patients». Des recommandations françaises soulignent les indications, les contre-indications, les conditions de mise en uvre et de suivi de la chirurgie de l'obésité. Celles-ci précisent notamment que la chirurgie doit être réservée aux patients souffrant d'obésité stable (ou s'aggravant) depuis au moins cinq ans, malgré une prise en charge médicale multidisciplinaire. De plus, elle doit être proposée uniquement aux patients présentant une obésité morbide, ou majeure (IMC > 35) si celle-ci est associée à des facteurs de comorbidité.Ces précisions étant données, il n'en reste pas moins vrai que l'on assiste depuis quelques années, en France notamment, à un développement important du nombre d'interventions de l'obésité, dû principalement à la pratique d'une nouvelle technique chirurgicale : la pose d'«anneaux de gastroplastie ajustables». En France, le nombre d'interventions chirurgicales classiques de l'obésité, de l'ordre d'un millier par an, est en faible progression. Par contraste, plus de 7000 anneaux de gastroplasties ajustables ont été posés en l'an 2000 alors que cette technique n'a été introduite qu'en 1994» souligne l'Anaes. Compte tenu de cette évolution des pratiques, l'Anaes a été amenée à travailler sur le thème de l'évaluation du rapport bénéfice-risque des principales interventions chirurgicales de l'obésité morbide chez l'adulte. L'évaluation de l'Agence a porté sur les trois principales interventions pratiquées en France, qui sont : la pose d'anneaux de gastroplastie ajustables, la gastroplastie verticale calibrée et les courts-circuits gastriques.En pratique, deux grands types d'interventions chirurgicales sont réalisés en France pour tenter de réduire l'excès de poids, peut-on lire dans la synthèse du rapport de l'Anaes :I Les interventions entraînant une restriction de la capacité gastrique. Elles comprennent les gastroplasties (essentiellement la gastroplastie verticale calibrée) et les anneaux de gastroplastie ajustables. Les interventions consistent en la formation d'une poche gastrique de volume très réduit (15 à 20 ml), obligeant le patient à limiter la prise alimentaire solide. La gastroplastie verticale calibrée (GVC) regroupe sous ce terme plusieurs techniques de réduction du volume de l'estomac, soit par un agrafage, soit par une transsection. L'anneau de gastroplastie réduit le volume de l'estomac grâce à un bandage circulaire de sa partie haute à l'aide d'un anneau.I Les interventions mixtes (court-circuit gastrique) associent à la réduction de capacité gastrique une dérivation à l'intestin grêle proximal, ce qui permet d'obtenir également un certain degré de malabsorption.«La revue de littérature a permis de constater que le critère de jugement d'efficacité le plus fréquemment évalué est la perte de poids, au contraire des critères de qualité de vie et d'impact sur les comorbidités, très rarement abordés, souligne-t-on auprès de l'Anaes. La majorité des publications portent sur des résultats à court terme, exprimant diversement la perte de poids et contenant une information incomplète notamment sur la méthodologie et l'expression des résultats statistiques. De même, le suivi des patients est souvent incomplet. La quasi-absence d'études comparatives randomisées engage à une grande prudence quant à des conclusions à type de supériorité d'une technique sur une autre».(A suivre : efficacité ; complications ; perspectives).