Mardi 10 juillet : l'OFAS (Office fédéral des assurances sociales), par la voix de son chef, Monsieur Piller, présente l'évolution des dépenses des caisses-maladie pour l'année 2000. Emoi médiatique connu.Jeudi 12 juillet : la Commission de la sécurité sociale du Conseil des Etats publie ses propositions pour endiguer l'évolution des coûts de la santé : d'une part, un plafonnement des primes à 8% du revenu imposable des ménages, le manque à gagner pour les caisses-maladie étant assuré par la Confédération et les cantons (surtout !) ; d'autre part, la suppression de l'obligation de contracter pour les caisses, c'est-à-dire la liberté pour ces dernières de choisir les médecins dont elles rembourseront les prestations. Nouvel émoi médiatique politiquement bien orchestré !On estime donc que les médecins installés sont responsables d'une part importante de l'augmentation des coûts, puisque c'est à eux que s'adresse directement l'une des deux mesures proposées.Or :Selon les chiffres de l'OFAS, les médecins installés n'ont occasionné, en 2000, qu'une augmentation de 2,7% des dépenses de santé, toutes spécialités confondues, et ceci malgré la progression du nombre des installations. Cette évolution est un peu supérieure à celle de l'indice suisse des prix à la consommation (1,6%).Les soins ambulatoires des hôpitaux sont les responsables principaux de l'augmentation des dépenses de santé. Les mesures drastiques de réduction de la durée des séjours hospitaliers imposées par les autorités sanitaires fédérales et cantonales ont eu pour conséquence principale un transfert de charges de l'Etat vers les caisses-maladie via des services hospitaliers ambulatoires spécialisés. Cette mesure, et c'est à relever, ne semble pas avoir affecté l'évolution des dépenses de santé imputables aux médecins installés en libre pratique.L'importance des frais pharmaceutiques est le deuxième facteur d'augmentation des dépenses de santé. S'agit-il du nombre de prescriptions et/ou du prix des produits ? Les deux vraisemblablement. Le développement d'une médecine préventive touchant toute une série d'affections courantes et très médiatisées : hypertension artérielle, affections coronariennes, diabète, excès de cholestérol, rhumatisme, états dépressifs, impose la prescription de nouveaux remèdes utilisés dans le cadre de schémas thérapeutiques bien définis. La plupart de ces médicaments sont très chers. Les médecins n'ont aucune prise sur la détermination de leur prix ni sur l'engouement qu'ils suscitent chez leurs patients-consommateurs via la presse et internet. Le prescripteur se trouve ainsi la main forcée par l'évolution des connaissances certes, mais aussi par le retrait du marché pour raison de non-rentabilité de nombre de médicaments anciens, efficaces, éprouvés et bon marché. Quant à ceux qui sont encore disponibles, s'il les prescrit, le médecin apparaîtra alors comme dépassé aux yeux des instances académiques.Notre médecine, faut-il le rappeler, est de qualité. Elle s'adresse à une population toujours plus exigeante, rêvant du maintien d'une jeunesse éternelle. Les propositions de remèdes à sa cherté ont repris leur chahut saisonnier et fusent de toutes parts dans le plus beau chaos. L'abandon de l'obligation de contracter pour les caisses-maladie, c'est-à-dire le droit qui leur est ainsi accordé de ne rembourser que des médecins qu'elles agréent (selon quels critères ?) outre qu'il vise le mauvais objectif (cf. les points développés ci-dessus), est une mauvaise solution à hauts risques : cette mesure tend à promouvoir une médecine à deux vitesses, elle interfère dans la relation médecin-malade, elle risque d'altérer durablement le tissu de soins dans lequel les patients-assurés devront bien évoluer.Le groupe de presse de l'Association neuchâteloise des médecins omnipraticiens (ANMO) :Drs J.-F. Boudry, J.-P. Studer etG. Villard