Les travaux d'une équipe de recherche américaine montrent que plus d'un patient sur deux dont les artères coronaires se sténosent à nouveau après une angioplastie peuvent ne présenter aucun symptôme d'un retour de la maladie (Lancet 2001 ; 358 : 1616). Bien qu'asymptomatiques, ces patients présentent un risque d'événement coronaire, tel qu'un infarctus du myocarde. «55% des resténoses dans les populations que nous avons étudiées étaient asymptomatiques. Ces patients sont bien portants, mais leur potentiel de problèmes coronaires reste signi-
ficatif», analyse Peter Ruygrok, de l'hôpital de Green Lane, à Auckland (Nouvelle Zélande). «Pourtant, ces patients pensent que le traitement qu'ils ont subi pour déboucher leurs artères est un succès», remarque Ruygrok.
Lors d'une étude effectuée sur 2690 patients ayant subi une angioplastie coronaire, cette équipe de recherche a identifié des facteurs, dont le sexe, l'âge et le passé de fumeur, qui influencent le degré de susceptibilité des patients de développer une maladie cardiaque asymptomatique dans les six mois après l'angioplastie initiale. «De façon importante, les hommes sont plus susceptibles de développer une resténose silencieuse que les femmes», relève Peter Ruygrok, qui suggère que cela vient peut-être du fait que le diamètre des artères des femmes est plus petit que celui des artères des hommes (Circulation 2001 ; 104 : 2289-94).
Les études préalables ont révélé des différences claires entre les sexes dans le traitement des patients atteints d'une maladie des artères coronaires. Les patients ayant un blocage moins sévère et ceux dont les artères ont un diamètre de référence plus large sont aussi susceptibles d'être victimes d'une resténose silencieuse. «Notre recherche ne changera probablement pas la pratique clinique, mais elle pourrait entraîner une suspicion accrue à l'égard des patients chez lesquels le diagnostic clinique n'est pas clair», estime Ruygrok.
Selon Neal Kleiman, du Collège Baylor de médecine, à Houston, au Texas (Etats-Unis), «ces données semblent indiquer que, chez les patients ayant une anatomie et des facteurs de risque probants, une vigilance accrue et des tests non invasifs agressifs ou des angiogrammes de surveillance pourraient s'avérer nécessaires».