Edito: L'immunologie au service des autres...
Jean-Michel Dayer
Rev Med Suisse
2002; volume -2.
21988
Résumé
Ce numéro illustre le caractère transdisciplinaire de l'immunologie, non seulement dans les branches cliniques entre elles mais aussi avec les branches fondamentales. Les quatre premiers articles s'inscrivent dans une démarche de médecine prédictive et de prévention.Le premier article, portant sur la recherche fondamentale, démontre que les modèles animaux en particulier ceux imitant le lupus chez l'homme contribuent remarquablement à l'élucidation des gènes impliqués éventuellement dans la pathogénie et permettent surtout de comprendre, pour une maladie dont les manifestations cliniques sont si différentes, pourquoi tel et tel organe peut être atteint de façon prédominante. Il sera sans doute possible de prédire, lorsqu'une telle maladie se déclare, quel organe sera le plus menacé, lequel nécessitera une surveillance plus particulière et surtout de mettre au point une approche préventive pour éviter différentes complications.Le deuxième article aborde un élément capital : celui de la reconstitution de la mémoire immunologique après la transplantation de moelle. Peu d'études ont été faites chez l'homme sur ce sujet et cette contribution est d'autant plus importante que la conclusion est cruciale puisqu'elle permet entre autres de mieux déterminer à quel moment la vaccination peut et doit se faire.On enchaîne alors avec un sujet toujours brûlant et entouré de polémique, à savoir la sécurité vaccinale, laquelle fait à tort et à raison couler beaucoup d'encre mais qui, heureusement dans cet article, permet d'avoir une vision claire, sereine et cela sans en écarter des éléments de prudence.Ce n'est pas par hasard que l'on passe de la vaccination à l'allergie et de la question de «fin d'une histoire, ou histoire sans fin» à celle de «mythe et réalité». A nouveau, il est indiqué de cerner des attitudes raisonnables de prévention et de ne pas se laisser emporter par trop d'idées préconçues.Les trois articles suivants s'inscrivent dans le domaine du diagnostic et de la thérapeutique.De la prévention en allergologie on passe aux progrès pratiques dans ce domaine... La désensibilisation rapide pour certaines allergies a fait des «bonds» importants ces dernières années et grâce à une collaboration avec les Services cliniques du Département de médecine interne, l'Unité d'allergologie a pu tirer des conclusions positives, à savoir que cette méthode permet d'économiser du temps et de l'argent tout en diminuant les effets secondaires.Restant dans l'allergologie mais au niveau du diagnostic, l'article sur la rosacée et son diagnostic différentiel sera certainement très utile pour le clinicien quelle que soit la spécialité dans laquelle il travaille.Enfin, la contribution sur les vasculites primaires du système nerveux central est d'actualité. Son incidence semble augmenter et le diagnostic différentiel ainsi que le processus décisionnel thérapeutique sont extrêmement complexes et nécessitent une collaboration multidisciplinaire. L'algorithme développé permettra d'approcher un consensus.Grâce à toutes ces contributions provenant de multiples disciplines, ce numéro illustre une grande diversité dans les approches. Les immunologues jouissent de l'absence de barrière entre leurs préoccupations et celles des autres. Le but de l'immunologie n'est-il pas de veiller à la sauvegarde de la «tolérance» ?
Contact auteur(s)
Jean-Michel Dayer
Médecin-chef de service
Division d'immunologie et d'allergologie
Département de médecine interne
HUG
Genève