Une enquête montre que les généticiens ne livrent pas toujours les informations nécessaires à vérifier leurs résultats publiés ou à s'en inspirer. Ce secret tue dans l'uf de nombreuses voies de recherche.Les généticiens des universités américaines peinent à partager leurs connaissances avec leurs pairs. Selon une étude parue le 23 janvier dans le JAMA, 47% des chercheurs qui ont demandé des informations ou des échantillons relatifs à des travaux publiés se sont heurtés à au moins un refus durant les trois dernières années.L'enquête, menée par questionnaires entre mars et juillet 2000 auprès de 1849 chercheurs travaillant au sein des cent institutions les plus soutenues par le National Institutes of Health, montre que cette rétention d'information affecte le fonctionnement même de la recherche : 28% de tous les généticiens interrogés affirment qu'ils ont dû renoncer à vérifier des résultats publiés, faute d'obtenir les données nécessaires. Pour les mêmes raisons, 21% disent avoir abandonné «une voie de recherche prometteuse», 28% avoir mis fin à une collaboration.Parmi les 12% de généticiens qui reconnaissaient avoir refusé une demande durant les trois dernières années, 80% motivent leur décision par l'effort nécessaire à la préparation des échantillons ou des données, 64% par la volonté de permettre à un jeune chercheur de publier, 53% par la volonté de préserver leurs propres chances de publier, 45% par les coûts liés au traitement des demandes.Les raisons commerciales ne viennent qu'ensuite. Seuls 21% des chercheurs ayant refusé une demande d'information l'ont fait pour protéger la valeur commerciale de leurs résultats et 27% pour respecter les vux d'un sponsor industriel. Le taux de refus est toutefois plus élevé parmi les chercheurs «engagés dans des activités commerciales».L'étude confirme les résultats d'une enquête menée en 1994-1995 parmi les chercheurs en sciences de la vie. Elle ne met pas en évidence une rétention d'information plus élevée en génétique que dans d'autres domaines. Le phénomène a-t-il augmenté durant la dernière décennie ? Plus d'un tiers des sondés en ont l'impression, mais 14% estiment le contraire.Ces travaux montrent que, même si le refus d'informer reste relativement marginal (une demande rejetée sur dix), son impact sur la recherche est important.