Selon toute vraisemblance, chaque année, les vies de plusieurs milliers de personnes au Royaume-Uni pourraient être sauvées en améliorant le chauffage et l'isolement de leur logement. C'est ce que suggère une étude qu'une équipe de chercheurs de la «London School of Hygiene and Tropical Medicine» vient de publier (BMJ 2001 ; 323 : 1207).1 Ce travail a été financé par la fondation Joseph Rowntree.Son principal auteur, Paul Wilkinson, enseigne l'épidémiologie environnementale au Département de santé publique et de politique publique de cette école. Il estime qu'améliorer l'efficacité énergétique des maisons britanniques pourrait engendrer «des bénéfices significatifs de santé publique, y compris la réduction de morts en hiver».Le rapport établit pour la première fois un lien entre la faible température qui règne dans certaines maisons et l'excès de décès en hiver. Il révèle que les habitations plus vieilles, remplies de courants d'air et moins bien isolées que des habitations plus modernes sont plus fortement associées à un excès de morts hivernales, en particulier chez les personnes âgées.On sait depuis longtemps qu'au Royaume-Uni, un excès de 50 000 personnes décèdent en hiver par rapport à l'été. La plupart de ces décès sont dus à des accidents cardiaques, à des congestions cérébrales et à des infections respiratoires. Mais jusqu'à présent, personne n'avait essayé de calculer le rapport éventuel entre ces morts et les températures qui règnent dans les habitations, à l'extérieur ou sur les lieux de travail.Les rapporteurs ont estimé la distribution géographique de l'excès de décès les jours où il a fait froid. Ils ont ensuite essayé de relier cette information aux données sur la chaleur relative qui règne dans les habitations de ces régions. Pour connaître cette chaleur, ils se sont appuyés sur les données de l'étude «English house condition survey», parue en 1991. Les auteurs de cette étude avaient rendu visite à un échantillon de familles, recueilli des données sur leurs habitants et sur l'état de leur habitation. Ils avaient également mesuré la température interne dans un échantillon de ces maisons.«Nous avons obtenu des données sur des ensembles de maisons à travers le pays, que nous avons classées en tant qu'habitations froide, chaude ou entre les deux», indique Paul Wilkinson. En reliant les deux ensembles de données, son équipe a découvert que la fluctuation saisonnière est bien plus grande chez la population qui vit dans les foyers les plus froids que chez celle qui vit dans les foyers les plus chauds.1 «Cold Comfort : The social and environmental determinants of excess winter deaths in England, 1986-96». Marston Book Services, PO Box 269, Abingdon OX14 4yn.