La dernière assemblée des Présidents de la FMH tenue à Berne le jeudi 14 mars dernier a été une fois n'est pas coutume calme et harmonieuse. Pas d'éclats, studieuse et même ouverte à un peu d'humour. Rien à voir donc avec les séances précédentes, houleuses et parfois violemment critiques.Tarmed et sa votation, Tarmed et son acceptation par les médecins suisses sont passés par là. Après cette votation historique et unique dans nos annales, la FMH et ses organes vont pouvoir poursuivre leur travail sans forcément s'écharper sur des problèmes tarifaires. Retour à des problèmes d'éthique, prises de position par rapport à des échéances de votations, formation continue et j'en passe. Immersion dans la société civile, à nouveau, elle qui attend du corps médical des positions face aux problèmes de notre société : avortement, cellules souches, dépendances, lien social, pour ne parler que de l'actualité la plus proche.Tarmed, sa structure et ses deux conventions cadre et tarifaire ont donc été acceptées après un mois de consultation écrite de tous les médecins suisses membres de la FMH. La majorité acceptante, plus de 60%, ne laisse planer aucun doute et ne donne lieu qu'à fort peu de supputations. Ce résultat est donc bon, sur le plan de l'analyse : fortement majoritaire, il conforte les organes de la FMH dans leurs positions et avalise quinze ans de négociations ardues. Mais parallèlement, il ne constitue pas un chèque en blanc. De fortes minorités, selon les trois objets soumis au vote, ont manifesté leur opposition et elles ne sauraient être ignorées purement et simplement. Des confrères ont manifesté leur opposition totale, leur inquiétude ou leur ras-le-bol quant à la conception de leur art dans le cadre des assurances sociales.Ignorer ces oppositions, laisser de côté ces inquiétudes serait une erreur, voire une faute grave. La FMH se doit donc, dans la suite des négociations et en particulier dans le remaniement qui se poursuit actuellement (RE II), de prendre en compte cette minorité de confrères que ses arguments n'ont pas convaincu.Elle le doit d'autant plus que tout n'est pas rose loin s'en faut sur le plan de la politique de la santé : le Conseil national doit encore se prononcer sur la fin de l'obligation de contracter. C'est un gros morceau, et après la décision positive du Conseil des Etats, la partie n'est pas gagnée.Nous devons maintenir la pression et travailler sur deux axes : les politiques et la population. Celle-ci, quand on a l'occasion de lui expliquer ce que signifie cette fin de l'obligation de contracter, réagit très négativement. Consciente de la qualité de notre système de soins, elle ne veut pas de limitation de choix, surtout en regard des primes dont elle doit s'acquitter. Les parlementaires, ceux de la Chambre Haute en particulier, l'ignorent et montrent une fois de plus le fossé qui les sépare de leurs électeurs. Un espoir reste cependant : après les errements de certains partis, qui dans l'affaire Swissair et l'Expo, qui dans celle du fond de solidarité, l'approche des élections fédérales de l'an prochain devrait permettre aux partis de se profiler sur le dossier de la santé en phase avec les attentes des électeurs.Tarmed est donc là : Et après ? Le corps médical a fait montre de réalisme, il en attend autant de ses partenaires politiques, assureurs et hôpitaux pour la suite. Et celle-ci n'est pas simple. La mise en place du tarif et de toutes ses structures de fonctionnement ne sera pas chose facile. La pression évidente à l'informatisation inquiète beaucoup les confrères, et pas seulement les plus âgés. La nouvelle philosophie de Tarmed, son exhaustivité et son caractère strictement économique épicier, ont déjà dit d'aucuns ne passent pas forcément bien et paraissent peu compatibles, sinon contraires, à la conception de la médecine et de son exercice pour nombres de médecins.De plus, dès les prochaines semaines, les négociations pour la fixation de la valeur du point sur le plan cantonal dans le domaine LAMal vont commencer. Elles seront dures, à n'en pas douter. Mais elles auront surtout valeur de test : déterminer surtout à Genève, canton privé de convention depuis plus de vingt ans si la négociation avec un partenaire-adversaire redevient possible ou si, à nouveau, elle est laissée à l'arbitrage voire à l'arbitraire du canton et du Conseil fédéral. L'avenir nous le dira, certes, mais les résultats obtenus en négociant avec des assureurs dans le domaine LCA dans le cadre d'un accord signé le 6 mars dernier, montrent que c'est possible. De plus, la collaboration entre partenaires dans les deux études pilotes réalisées à Genève pour le Tarmed devrait constituer un premier pas positif.Enfin, reste un point essentiel : la formation des médecins, l'information de nos partenaires et de la population. Tarmed est compliqué, et nombre de ses définitions doivent être expliquées. Ce souci de transparence appartient aux sociétés cantonales de médecine, qui doivent le concevoir comme un appui à leurs membres face à leurs interrogations et à celles de la Cité. L'AMG s'y engagera, consciente que ces prochaines étapes sont au moins aussi importantes que l'acceptation du Tarmed elle-même.Formation des confrères, information des partenaires commerciaux des médecins, des commis de l'Etat et réponses aux questions du public et du patient, toutes activités qui requièrent une AMG forte, structurée et unie.Face à ces défis, il n'importe plus de savoir qui a voté quoi, mais comment appuyer nos membres dans la nouvelle constellation qu'ils vont connaître. Celle-ci bouleversera bien des habitudes, certes, mais l'art ne change pas et le colloque d'Hippocrate reste intact.