La précarité coûte cher aux pays en développement. Au-delà de ses conséquences matérielles, elle porte également préjudice au développement intellectuel des populations touchées, comme vient le rappeler une nouvelle étude (Lancet 2002 ; 359 : 564-71). Douglas Berkman et ses collègues, de l'Université de médecine et de médecine dentaire de New Jersey, ont suivi 234 enfants péruviens entre leur naissance et l'âge de deux ans. Sept ans plus tard, ils ont évalué les capacités cognitives de 143 de ces enfants et ont confronté les résultats aux données médicales recueillies durant la prime enfance.L'étude confirme les conclusions de plusieurs travaux antérieurs : de graves retards de croissance entre un et deux ans sont associés à de moindres performances intellectuelles à l'âge de 9 ans (10 points de moins sur l'échelle de QI choisie, la Wechsler Intelligence Scale for Children-Revised). Les auteurs ont également examiné l'influence possible de maladies intestinales ou parasitaires. Si les épisodes diarrhéiques ne semblent pas jouer de rôle, les infections intestinales dues à la bactérie Giardia lamblia laissent des traces : les enfants qui ont été infectés plus d'une fois par année obtiennent en moyenne 4,1 points de moins aux tests que les enfants moins touchés.Si les relations observées sont causales, concluent les chercheurs, la prévention de la malnutrition infantile et des infections de Giardia lamblia serait d'autant plus essentielle pour les populations démunies. Bien d'autres facteurs influencent le développement intellectuel, rappelle cependant Sally Grantham-McGregor, de l'Institut pour la santé de l'enfant à Londres, dans son commentaire. Les compléments alimentaires, par exemple, ne suffisent pas à combler le retard intellectuel lié à la malnutrition, sauf s'ils sont associés à une stimulation intellectuelle des enfants.