Lors d'un colloque franco-britannique organisé à Paris par l'Académie des sciences et l'Académie nationale de médecine, Roger Gérard Schwartzenberg, ministre de la Recherche, a annoncé, lundi 25 mars, qu'il allait autoriser avant le premier tour de l'élection présidentielle l'importation de cellules souches embryonnaires humaines. M. Schwartzenberg a expliqué que l'application concrète de la loi de bioéthique (adoptée en première lecture le 22 janvier par l'Assemblée nationale) ne surviendra pas avant le second semestre 2003. Ce n'est donc qu'à partir de cette période que les chercheurs français pourront commencer à exploiter les cellules souches des embryons humains conçus par fécondation in vitro, conservés par congélation, et ne s'inscrivant plus dans le cadre d'un projet parental. En France, on compterait environ 40 000 de ces embryons dans les différents centres agréés d'Assistance médicale à la procréation. «L'inconvénient de cette situation d'attente, c'est que les chercheurs français ne pourront pas entreprendre avant la fin 2003 des recherches très utiles pour apporter des solutions thérapeutiques à des maladies incurables, recherches déjà engagées ailleurs, notamment au Royaume-Uni et aux Etats-Unis», a déclaré M. Schwartzenberg. «Dans un contexte de mondialisation de la recherche, nos chercheurs et nos entreprises de biotechnologies risquent donc d'être distancés dans la compétition scientifique internationale». Le ministre français de la Recherche a exprimé sa volonté d'avancer rapidement, en accord avec l'appel lancé ces derniers mois par de nombreux chercheurs français, au premier rang desquels quatre Prix Nobel, les Prs Georges Charpak, Jean Dausset, François Jacob et Jean-Marie Lehn.Un «Comité de sages» (composé de Nicole Le Douarin, secrétaire perpétuelle de l'Académie des sciences ; Anne Fagot-Largeault, professeur d'éthique au Collège de France ; Brigitte Lemintier, professeur à la faculté de droit de Rennes ; Claude Sureau, président honoraire de l'Académie de médecine et Charles Thibault, membre de l'Académie des sciences) a été constitué et rendra son rapport au ministre dans la première quinzaine d'avril. Ses conclusions sont d'ores et déjà acquises. Les importations à venir ne porteront que sur des lignées de cellules souches embryonnaires humaines provenant de techniques autorisées en France par le projet de loi sur la bioéthique, à l'exclusion de cellules pouvant être produites par clonage thérapeutique.