D'après les dernières données chiffrées de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) communiquées au Monde, la consommation française de DHEA serait aujourd'hui en nette diminution.L'importation officielle de la matière première nécessaire à sa fabrication n'a été que de 150 kg pour les six derniers mois, alors qu'elle avait été de 192 kg durant le semestre précédent. «Si nous ne pouvons pas, à partir de ces seuls chiffres, situer avec une très grande précision le nombre de personnes qui, en France, consomment aujourd'hui cette substance, tout nous laisse penser qu'il va en diminuant», précise au Monde Philippe Duneton, directeur général de l'Afssaps. «On peut aujourd'hui estimer que quelques dizaines de milliers de personnes (entre 30 000 et 40 000) sont actuellement en France sous DHEA. En toute hypothèse, le nombre des consommateurs n'est pas de plusieurs centaines de milliers.»Ces nouvelles données coïncident avec la publication par le mensuel Prescrire d'un dossier sur la DHEA. Les responsables de ce mensuel n'hésitent pas à souligner le mal qu'ils pensent de tous ceux (scientifiques, médecins et médias) qui en ont fait, peu ou prou, la promotion ces derniers mois et années. Sous le titre «DHEA, la nouvelle esbroufe», ils rappellent que rien ne permet aujourd'hui de soutenir les allégations selon lesquelles la «sensation de bien-être», la «libido» ou les «fonctions cognitives» seraient améliorées par la consommation de cette molécule.Il y a un an déjà, l'Afssaps considérait que l'utilisation de la DHEA devait «être assujettie à la réglementation du médicament» et qu'une information des professionnels de santé et du public devait être organisée ; elle avait jugé indispensable de souligner les points suivants : en cas de cancer : la prise de DHEA «peut stimuler la croissance de cancers hormonodépendants (prostate, sein, utérus)» ; dans les affections cardiovasculaires : le risque cardiovasculaire potentiel, lié à une baisse du HDL cholestérol, observée dans plusieurs études, doit être pris en considération, notamment en cas d'absorption prolongée de DHEA ; chez la femme ménopausée : les traitements hormonaux substitutifs stroprogestatifs, dont les bénéfices sont aujourd'hui démontrés, ne doivent «en aucun cas être abandonnés au profit d'un traitement par la DHEA, dont les effets sont incertains. Ces deux traitements ne doivent pas être associés pour éviter un surdosage en strogènes» ; chez l'homme âgé : il existe, en cas de prise de DHEA, «un risque potentiel de développement de cancer de la prostate» ; et de conclure que «pour toutes ces raisons, il ne peut être conseillé de prescrire la DHEA dans le cadre de la lutte contre les effets du vieillissement, quels que soient l'âge et le sexe. L'utilisation éventuelle de ce précurseur hormonal n'est donc pas justifiée, en dehors des essais thérapeutiques ou de situations cliniques très particulières à juger au cas par cas.»En Europe comme aux Etats-Unis, la DHEA n'est actuellement autorisée dans aucune indication précise.