C'est un communiqué percutant qu'a publié le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (Cngof), sur le thème du dépistage de l'infection par le cytomégalovirus (CMV) chez la femme enceinte.Le CMV est un agent viral fréquemment responsable d'infections sans gravité chez l'adulte. Au cours de la grossesse, une infection par ce virus peut dans un petit nombre de cas être responsable de séquelles parfois graves (surdité, troubles sensoriels, etc.). «Il n'existe pas à l'heure actuelle de vaccination contre le CMV. Les seules mesures possibles pour éviter l'infection par ce virus sont des précautions d'hygiène, bien qu'elles n'empêchent pas à coup sûr une éventuelle contamination», précise le Cngof. «Certaines femmes sont plus exposées que d'autres : celles qui ont déjà des enfants en bas âge, surtout gardés en collectivités (crèches) et celles qui travaillent à leur contact».Très récemment, un «groupe d'experts du CMV» a lancé, «avec le soutien d'un laboratoire pharmaceutique», une campagne d'information suggérant la nécessité de faire systématiquement une sérologie pour le CMV chez toutes les femmes enceintes ; la justification d'un tel dépistage était qu'une sérologie positive permettrait de rassurer près de la moitié d'entre elles. Pour le Cngof, non seulement cette systématisation ne s'accompagne d'aucun bénéfice dans les dernières études épidémiologiques, mais elle aurait aussi de nombreux effets pervers : anxiété des femmes enceintes chez qui la sérologie est négative (environ 50% des femmes) ; anxiété encore plus forte chez celles ayant des anticorps IgM positifs (ces derniers témoignent d'une infection récente, mais peuvent aussi persister plusieurs mois voire plusieurs années après l'infection) ; multiplication d'examens complémentaires (répétition des tests biologiques, multiplication des échographies anténatales, réalisation d'amniocentèses avec un risque de fausses couches, etc.). demandes d'interruptions de grossesse dans des situations de simple doute.Pour le Collège, les décisions concernant une politique de dépistage systématique doivent être mieux évaluées avant d'être mises en place ; il revient aux autorités compétentes, dépendant du ministère de la Santé, de décider du bien-fondé d'une telle politique. Ainsi donc, sur ce sujet comme sur tant d'autres on attend les conclusions de Jean-François Mattei et de ses services...