La formule des «sels de réhydratation orale» (SRO) va changer. Les petits sachets mondialement répandus pour lutter contre la déshydratation en cas de diarrhée aiguë contiendront désormais moins de glucose et moins de sodium, comme l'a annoncé l'OMS le 8 mai.Ce changement peut paraître anecdotique. En réalité, l'organisation estime qu'il permettra de sauver «des millions de vies» supplémentaires. Des études soutenues par l'OMS et l'agence américaine pour le développement international ont en effet montré que, moyennant une diminution de leur teneur en glucose et en sodium, les solutions de réhydratation étaient nettement mieux assimilées.Une nouvelle formule de SRO a été testée à large échelle dans plusieurs pays en voie de développement. Elle a permis de faire diminuer la gravité de la diarrhée et des vomissements, tout comme la durée moyenne des maladies. Le nombre de cas nécessitant une réhydratation par voie intraveineuse a diminué d'un tiers. A l'échelle de la planète, un tel bénéfice peut bien se chiffrer par millions de vies humaines.Tout est démesuré dans l'histoire des SRO, qu'il s'agisse des conséquences d'une simple amélioration de la «recette» ou du succès initial d'une thérapie aussi simple, «l'un des grands succès de la santé publique de notre époque», selon Gro Harlem Brundtland, directrice générale de l'OMS.Les solutions de réhydratation ont fait leur première révolution à l'occasion de la guerre indo-pakistanaise de 1971. A cette époque, on considère encore que les sels doivent être dispensés par du personnel professionnel. Mais la situation sanitaire est désespérée dans les camps de réfugiés. Faute de mieux, des responsables de camps distribuent la solution en barils. Les taux de mortalité sont divisés par dix. La preuve est donnée que les proches des malades, des bénévoles ou du personnel non qualifié peuvent être mis à contribution.En 1978, l'OMS décide de faire de la réhydratation par voie orale le premier moyen de lutte contre la mortalité infantile due à la diarrhée. Depuis, le nombre de décès dus à cette cause a passé de 5 à 1,3 million par an. Entre 1990 et 1995, l'amélioration de la prise en charge à domicile de la diarrhée a permis de faire passer la proportion des cas traités de 30 à 85%.L'OMS veut en faire plus. Elle a fixé comme objectif de faire diminuer de moitié le nombre de décès infantiles suite à des diarrhées aiguës d'ici 2010. Pour cela, l'organisation souhaite généraliser l'accès aux petits sachets. Si leur utilisation par les familles devient systématique dès les premiers signes de diarrhée, l'objectif «n'est pas hors de portée», estime Gro Harlem Brundtland.