Edito: «Best of»... : pour les «left out» ?
Francis Waldvogel et Jean-Michel Gaspoz
Rev Med Suisse
2002; volume -2.
22416
Résumé
Best of les meilleurs : depuis quelques années, nous nous efforçons d'offrir une existence moins éphémère aux meilleures présentations du Département de médecine interne, en les proposant à Médecine et Hygiène, sous forme de courts articles de revue. Je remercie les auteurs ainsi que mon fidèle co-éditeur, le Dr Jean-Michel Gaspoz, de m'aider à préparer ce numéro annuel placé sous le sigle de l'excellence. Il est du reste intéressant de constater combien les thèmes abordés ne se laissent plus guère classer dans les subdivisions habituelles et conventionnelles de la médecine interne : cette dernière évolue rapidement, et bientôt de nouvelles segmentations/structurations verront le jour alimentant ainsi les débats de demain et permettant une nouvelle organisation de la médecine interne.Du moment que nous utilisons cet anglicisme, continuons : Best of, mais pour qui ? Evidemment, cette formation est avant tout dirigée vers ceux qui se forment, les médecins. Or, parmi ceux-ci, un segment important vient d'être sacrifié «left out», marginalisé. Tant les négociations pour un horaire hebdomadaire mieux adapté en fixant les principes sans en donner initialement les moyens que les décisions étatiques prises récemment concernant le droit d'installation en fixant les principes et en supprimant les moyens placent les jeunes médecins non seulement dans des conditions de vie professionnelle difficiles, mais aussi face à un avenir indécis.Dans le premier cas, les négociations ont initialement mis en doute l'importance des prestations fournies par les médecins internes et les chefs de clinique, et en péril la qualité du travail fourni. Dans le deuxième cas, la formation approfondie de jeunes médecins apportant du sang neuf au domaine de la santé, a été sacrifiée sur l'autel de principes économiques dont les premiers indices semblent suggérer l'inefficacité. Même si de nouvelles négociations et quelques combats juridiques permettront d'alléger leur lot et leur donner partiellement raison, le résultat des courses pour le corps intermédiaire est clair : après six années d'études et six années de formation, nos jeunes médecins sont marginalisés, instrumentalisés et considérés comme les responsables potentiels de l'éclatement futur des budgets de la santé, qu'elle soit ambulatoire ou hospitalière. Un passé trop lourd, un présent sacrifié, un futur incertain... où est, pour les jeunes, l'étincelle qui fait jaillir l'enthousiasme, où est la lueur qui fait croire à leur rôle réel dans la société de demain ?Left out : les jeunes médecins n'ont plus de métier. Il n'en demeure pas moins que médecins internes et chefs de clinique d'aujourd'hui sont les acteurs et les cadres de la santé et de la formation médicale de demain. Si nous voulons une médecine de qualité pour le futur, il s'agit de ne plus se lamenter, mais de trouver de nouvelles possibilités de formation approfondie, de forger de nouveaux plans de carrière : nous devons repenser le quotidien, revoir les conditions de la formation, restructurer les conditions de travail, afin de permettre aux jeunes médecins subissant le moratoire non pas de se morfondre dans l'impatience et l'aigreur, mais de bénéficier de nouveaux cheminements professionnels. Plusieurs peuvent déjà être envisagés tels que les doubles formations dans des domaines aux sollicitations nombreuses tels que la médecine psychosomatique ; organiser des plans de carrière avec plus de rotations ambulatoires supervisées ; donner à certains médecins internes des responsabilités accrues dans leur travail quotidien ; explorer les possibilités d'exploitation des accords bilatéraux en vue de l'ouverture de nouveaux groupes médicaux performants hors de nos frontières ; favoriser la recherche clinique en proposant des carrières de cliniciens-chercheurs financés par des Fondations afin d'offrir de nouveaux partenariats à notre industrie pharmaceutique en phase de délocalisation. A défaut d'économies, ces mesures fortifieraient notre recherche, consolideraient les formations, élargiraient les horizons, et surtout, restitueraient la confiance en une belle profession actuellement maltraitée.Le temps est venu de se remettre au travail. Comme à la table familiale, «The best of» pour les jeunes et ceux qui en ont le plus besoin.
Contact auteur(s)
Francis Waldvogel et Jean-Michel Gaspoz Clinique de médecine 2
Département de médecine interne
Hôpitaux universitaires
de Genève