La Chine est «à la veille d'une explosion de l'épidémie de sida», a déclaré il y a quelques jours Kofi Annan, secrétaire général de l'ONU à l'occasion d'une visite dans ce pays. «Il n'y a pas de temps à perdre si la Chine veut empêcher que le sida se répande davantage», a expliqué M. Annan devant des étudiants de l'Université du Zhejiang dans la ville de Hangzhou. Le discours prononcé par le secrétaire général fait suite à un rapport des Nations unies publié en juin, mettant en garde la Chine contre une «catastrophe du sida».Résoudre le problème du sida en Chine nécessite un «esprit de décision à tous les niveaux» et «la rupture du silence et de la stigmatisation qui entourent la maladie», a poursuivi M. Annan, ajoutant «Le silence, c'est la mort». Des groupes de soutien aux malades du sida accusent Pékin d'avoir longtemps cherché à dissimuler la progression de l'épidémie et de n'avoir presque rien fait pour venir en aide aux victimes.Depuis l'année dernière, Pékin a toutefois commencé à reconnaître la gravité du problème. En novembre 2001, la première conférence nationale sur le sida s'est tenue à Pékin et le nombre officiellement reconnu de séropositifs a été révisé à la hausse, soit un million et demi contre un million selon les estimations des Nations unies. Toutefois, selon le rapport publié en juin, le nombre de personnes infectées par le virus atteindra 10 millions en 2010 si des mesures efficaces ne sont pas prises pour enrayer la progression de l'épidémie. M. Annan a aussi solennellement mis en garde contre le coût social du sida, et notamment l'émergence d'un grand nombre d'orphelins dans les régions les plus touchées.