Edito: Nutrition dans les hôpitaux : recommandations du Conseil de l'Europe
Claude Pichard
Rev Med Suisse
2002; volume -2.
22561
Résumé
Vingt à 50% des patients souffrent de malnutrition protéinocalorique lors de leur admission à l'hôpital.1-3 Cette proportion augmente fréquemment durant le séjour hospitalier. Cette information est alarmante car elle est associée à des complications liées à la dénutrition, en particulier une prévalence accrue des infections et des troubles de cicatrisation, couplée à une augmentation de la durée de séjour prolongé et des coûts globaux, et finalement à une réduction de la qualité de vie ou de survie.Sur cette base, le Conseil de l'Europe a piloté, dans huit pays, une vaste enquête sur l'organisation hospitalière des services de restauration, des pratiques professionnelles des médecins, infirmiers et diététiciens en ce qui concerne le dépistage, le traitement et le suivi de la problématique alimentaire. Plusieurs centaines de questionnaires, élaborés par des experts en nutrition, ont été complétés par des centres hospitaliers de tailles et de missions variables. Les résultats mettent en évidence cinq barrières principales pour que la dénutrition préexistante soit efficacement détectée et combattue durant le séjour hospitalier :1. Carence de définition des responsabilités respectives des personnels hospitaliers impliqués dans l'organisation et les traitements nutritionnels.2. Manque de formation et de sensibilisation à la problématique nutritionnelle chez l'ensemble des personnels hospitaliers.3. Faible influence des patients et de leur entourage direct sur l'importance de leur alimentation.4. Manque de collaboration entre les différents professionnels de la santé pour la mise en place et l'application d'une politique alimentaire.5. Insuffisance de participation de la direction hospitalière à la problématique alimentaire.L'article de L. Genton et collaborateurs présente les résultats majeurs de cette enquête. De plus, il résume les principales recommandations faites par le Conseil de l'Europe pour optimiser, pour détecter, prévenir et traiter la dénutrition durant le séjour hospitalier.Les autorités du Service fédéral de la santé publique ont récemment sollicité les professionnels de la nutrition par le biais de la Société suisse de nutrition clinique (www.SSNC.org), ainsi que les industriels actifs dans le domaine de la nutrition, en leur demandant d'émettre un avis sur ce rapport du Conseil de l'Europe dans le contexte helvétique. La SSNC prépare actuellement une analyse et collige les rapports des experts nationaux pour animer un forum sur le thème de la nutrition hospitalière et extra-hospitalière en Suisse. Ce dernier interviendra durant le premier semestre 2003. Il faut espérer que cette action sollicitée par nos structures administratives et politiques aura une audience et un impact positif sur la prise en charge nutritionnelle des patients confrontés à des problèmes alimentaires.
Contact auteur(s)
Claude Pichard
Médecin responsable
Unité de nutrition
HUG
Genève