Edito: Actualités urologiques
Christophe Iselin
Rev Med Suisse
2002; volume -2.
22644
Résumé
Ce numéro rend compte de la vitalité des sujets à l'avant-garde de la scène urologique en fonction de deux axes prioritaires : l'impact de la progression technologique et ses implications transverses, ainsi que la prise en charge du cancer localisé de la prostate.Mise au point il y a plus de deux décennies, la cryothérapie des tumeurs est restée insatisfaisante jusqu'à il y a quelques années : l'induction de la congélation des tissus était imprécise, et il n'y avait pas de moyen adéquat pour évaluer tridimensionnellement l'importance de la congélation en cours de processus. Ces deux facteurs limitants ont maintenant été maîtrisés grâce à la chirurgie laparoscopique qui permet de transférer avec précision l'énergie de congélation jusqu'à la tumeur sous vision directe au moyen d'une cryosonde. En complément, le progrès radiologique permet également de visualiser avec précision la congélation tissulaire, notamment grâce à la meilleure définition de l'ultrasonographie, et à l'apport de l'imagerie par résonance magnétique. Le premier article rend compte de la légitimité de traiter par cryothérapie sur une base protocolaire les tumeurs rénales de petite taille, selon le contexte clinique.Le traitement de l'incontinence urinaire à l'effort de la femme a bénéficié depuis une dizaine d'années de la démystification de la chirurgie vaginale : la classique suspension du col vésical par voie sus-pubienne cède désormais le pas à la bandelette sous-urétrale. Provenant initialement de la patiente sous forme de fascia, le matériel de la bandelette est devenu hétérologue afin de diminuer la morbidité induite par le prélèvement. Différents matériaux sont arrivés sur ce marché économique à grand enjeu grâce aux progrès accomplis dans la préparation et le conditionnement des tissus biologiques ainsi que dans la fabrication de fibres synthétiques de mieux en mieux tolérées in vivo. Le deuxième article relate l'évolution du choix de ces matériaux.Le traitement de la lithiase urinaire a vécu un bouleversement technologique précoce avec l'avènement des lithotripteurs, dont un nouveau modèle vient d'être récemment installé dans le nouveau bloc opératoire d'urologie des Hôpitaux universitaires de Genève. Dans ce domaine, une seconde révolution a récemment eu lieu grâce à l'exceptionnelle amélioration des fibres optiques. Celles-ci mettent à disposition de l'urologue des endoscopes flexibles miniaturisés dont l'emploi est délicat, et qui doivent trouver leur place dans le large arsenal thérapeutique des calculs urinaires, ainsi qu'auprès d'autres pathologies de la voie haute. Par ailleurs, le traitement holistique de la maladie lithiasique comporte de façon incontournable un partenariat étroit avec le néphrologue, qui joue un rôle préventif essentiel. Deux contributions de ce numéro actualisent ces perspectives.Enfin, le débat sur la prise en charge du cancer localisé de la prostate est abordé. Cette maladie de l'homme sénescent tient le haut du pavé de la presse quotidienne*, en raison des incertitudes thérapeutiques que la médecine basée sur les faits n'arrive pas encore à dissiper actuellement. La discussion est orientée par rapport à deux changements majeurs qui entourent cette maladie au cours des quinze dernières années : l'avènement de l'emploi de l'antigène spécifique de la prostate (PSA) et l'augmentation de l'espérance de vie de la population masculine occidentale. A la lumière de la littérature récente, il apparaît de plus en plus évident qu'il est bénéfique de détecter le cancer de la prostate au stade localisé, et qu'une proportion importante de ces tumeurs méritent un traitement à visée curative chez l'homme dont l'espérance de vie est supérieure à dix ans. Dans ce registre thérapeutique, un article réunissant les deux cliniques universitaires romandes d'urologie discute la place actuelle de la dernière née des techniques d'exérèse chirurgicale radicale de la prostate : la prostatectomie par laparoscopie.* J.-Y. Nau. Cancer de la prostate, la chirurgie en question. Le Monde, dimanche 27 et lundi 28 octobre 2002, p. 19.
Contact auteur(s)
Christophe Iselin
Médecin-chef de service
Clinique et policlinique d'urologie
Département de chirurgie
HUG
Genève