Qu'elle soit véridique ou mensongère, l'annonce de la naissance des premiers clones humains par le mouvement raélien assure une publicité colossale à la société Clonaid, phalange «scientifique» de la secte. L'opération promet d'être rapidement rentable, car Clonaid offre depuis un certain temps déjà toute une gamme de «produits» et «services» payants, détaillés sur le site internet de la société (www.clonaid.com).
Les petits budgets pourront déjà investir, à partir de 200 dollars par an plus une taxe de base variable, pour bénéficier du service «Insuraclone». Ce programme d'entrée de gamme permet à ceux qui veulent «sauvegarder leur matériel génétique pendant qu'ils sont en bonne santé», qui veulent «être clonés un jour» ou bénéficier de leur propre «kit de réparation génétique» si un de leurs organes devait les trahir, de déposer un échantillon de leurs cellules dans les cryostats de la société. Il suffit de contacter le biologiste par e-mail.
Un peu plus cher, le programme «Ovulaid» offre aux femmes stériles des ovules à partir de 5000 dollars, avec possibilité de voir des photos de la donneuse, voire de la rencontrer. «Venez et rentrez dans votre pays enceinte de l'enfant de vos rêves», dit le texte. Dans le cadre du même programme, les femmes le souhaitant peuvent vendre leurs ovules au même tarif. Dans les deux cas, c'est à nouveau le biologiste qu'il faut contacter. Les propriétaires d'animaux de compagnie ou de chevaux de course devront attendre un peu pour bénéficier du programme de clonage animal «Clonapet».
Quant au clonage humain, il sera offert dans le monde entier, «dans le respect des lois nationales», dès la naissance des premiers bébés, promet la société. Le tarif devrait être de l'ordre de 200 000 dollars par naissance. L'affaire étant plus sérieuse, on est prié de réserver par e-mail auprès du directeur marketing.
Enfin, la «machine à cloner» «RMX2010» est en vente au prix de 9220 dollars plus les frais d'expédition. Cet appareil «un nouveau standard dans la fusion de cellules embryonnaires» génère des trains d'impulsions électriques carrées pour déclencher le développement de l'embryon. A lire les données techniques, on constate que cette machine ne fait pas mieux que le plus simple des générateurs de fonctions électriques, un appareil qu'on trouve par dizaines dans les salles de travaux pratiques de physique.
Il serait déplacé d'en tirer des conclusions quant au sérieux des prétentions raéliennes. Mais rien n'empêche de constater l'amateurisme de cette vitrine. Dernier détail : le «biologiste», le «directeur marketing», la personne chargée de traiter les commandes pour le «RMX2010» et le responsable des partenariats scientifiques ont tous la même adresse de messagerie : clonaid@ rael.org. Comme si Clonaid n'était qu'un décor de carton-pâte.