La marée noire du pétrolier Prestige, qui s'est abîmé au large des côtes espagnoles à la mi-novembre, n'a pas que des conséquences environnementales et économiques. Elle expose également la santé des nombreux volontaires et soldats qui participent au nettoyage des plages (Lancet 2003 ; 361 : 147). Entre le 29 novembre et le 3 janvier, selon le département galicien de la santé, 711 nettoyeurs ont consulté pour différents symptomes : conjonctivites (167 cas), maux de tête (138), angines (137), gêne respiratoire (115), vomissements (103), éruptions cutanées (73) et douleurs abdominales (42).Ces risques sont connus. Une enquête menée auprès de plus de trois mille travailleurs ayant participé aux opérations de nettoyage après le naufrage de l'Erika, en 1999, a montré que plus de la moitié d'entre eux ont ressenti au moins l'un des symptômes suivants : maux de tête, rougeur oculaire, éruption cutanée, problèmes respiratoires, nausée ou douleurs abdominales. Le risque de cancer de la peau était augmenté, surtout chez les personnes ayant travaillé sans gants au nettoyage des oiseaux de mer.Plusieurs études montrent que les troubles psychiatriques sont souvent sous-estimés. Un rapport sur le naufrage de l'Exxon Valdez en 1989, révèle par exemple que les travailleurs du groupe «haute exposition» avaient un risque quatre fois plus élevé que les autres de souffrir d'anxiété, de stress post-traumatique ou de dépression.Le pétrole lourd du Prestige, du même type que celui que transportait l'Erika, contient notamment des métaux lourds (zinc, nickel, vanadium), du soufre et des aromatiques polycycliques comme le benzène ou le tolluène, selon un rapport du Conseil espagnol de la recherche, publié début janvier. Ses auteurs recommandent le lancement d'une étude épidémiologique à long terme portant sur toutes les personnes ayant participé au nettoyage des plages. Notamment pour évaluer le potentiel cancérigène d'une exposition prolongée à ces aromatiques polycycliques.