Aux Etats-Unis, le Connecticut a été le premier état à entamer la campagne de vaccination des personnels de santé contre la variole décidée par le gouvernement Bush. Il a reçu 6000 doses de vaccins qui devraient être administrées dans les prochains jours. La décision de vacciner environ 400 000 personnes dans tout le pays qui forment, alors le «premier rempart» contre une épidémie si la variole était utilisée par des terroristes, est contestée par de nombreux spécialistes médicaux. Une deuxième vague de vaccination vise à protéger 10 millions de civils. La vaccination d'environ 500 000 membres des forces armées américaines a débuté en décembre. Aujourd'hui 20 Etats américains ont demandé à recevoir des stocks de vaccins mais plus de 80 hôpitaux ou centres universitaires parmi les 3000 du pays retenus pour pratiquer la vaccination n'ont pas l'intention de participer à cette campagne, selon le sondage réalisé par le quotidien USA Today. Les responsables de ces établissements estiment que le virus de la vaccine fait courir aux patients de ces hôpitaux un risque supérieur à la menace d'un acte terroriste. Ces craintes expliquent le lent démarrage de la campagne dont le lancement a été jugé prématuré par le principal syndicat des infirmières américaines, l'American Nurse Association (AMA). L'Institut de médecine des Académies nationales des sciences a aussi appelé les autorités sanitaires américaines à «poursuivre leur analyse» du rapport des bénéfices aux risques d'une telle entreprise. Publié le 17 janvier, le rapport de cette institution cite parmi les problèmes en suspens la nécessité de préciser «la façon dont les personnes qui sont vaccinées seront indemnisées pour des dépenses médicales et autres pertes qui pourraient être provoquées par la vaccination». Ce vaccin peut créer des effets indésirables chez une personne sur 100 000 et être mortel chez une sur deux millions. Infirmières et médecins américains sont également inquiets de la possible contamination de leurs patients, puisqu'une personne vaccinée peut transmettre le virus de la vaccine pendant plusieurs jours. En milieu hospitalier, cette transmission pourrait avoir des conséquences dramatiques sur les malades au système immunitaire affaibli, les personnes âgées ou les nouveau-nés. Aux Etats-Unis, environ 60 millions de personnes ont un système immunitaire considéré comme trop faible pour être soumis au vaccin, parmi lesquelles les malades du sida et les personnes soignées pour un cancer. «L'introduction terroriste de la variole pourrait provoquer une brève épidémie et des morts, mais la politique de vaccination actuelle offre peu de protection et le coût en morts résultant de complications dues à la vaccine va dépasser tout bénéfice», souligne le Dr Thomas Mack (Keck School of Medicine, University of Southern California) dans The New England Journal of Medicine daté du 30 janvier.