Faut-il être surpris par les conclusions du dernier «point de conjoncture» (numéro 10, février 2003) que la Caisse nationale d'assurance maladie (CNAM) consacre à «l'évolution de l'offre de soins en médecine générale» ? Ce travail analytique de l'activité des généralistes entre janvier 2000 et août 2002 met en lumière «les mutations très profondes, probablement irréversibles» de l'activité professionnelle des généralistes.Le premier enseignement de ce travail est clair : à démographie constante les généralistes sont de moins en moins nombreux à travailler chaque jour en France. Entre 2000 et 2002, le nombre des omnipraticiens actifs quotidiennement a baissé de 2,8%. Comment comprendre ? Les généralistes prennent, chaque mois, un peu plus de repos (de «jours de congés») qu'auparavant.En pratique, ils allongent la durée de leur inactivité durant le week-end, mais ce phénomène coïncide avec une augmentation de l'activité durant la semaine. En d'autres termes, les généralistes «travaillent plus les jours où ils sont actifs.» Autre constat : les différences comportementales entre les hommes et les femmes généralistes «s'estompent rapidement».Il apparaît que les généralistes ont, ces derniers temps, décidé de recentrer leur activité sur les consultations au détriment des visites. Entre 2000 et 2002, le nombre des consultations par généraliste a augmenté de 8,3% alors que le nombre moyen des visites baissait de 13%. Enfin, le poids croissant des patients atteints d'une affection de longue durée dans la clientèle des généralistes se confirme (consultations en hausse de 20,5% et visites en hausse de 13,8%). La question essentielle à laquelle la CNAM se garde bien de répondre demeure entière : ces évolutions sont-elles subies ou décidées par les généralistes ?