Nous indiquions il y a peu (Revue Médicale Suisse du 27 avril) que Sanofi-Aventis, troisième groupe pharmaceutique mondial, avait décidé de s'engager «à prix coûtant» dans la lutte contre le paludisme, via une nouvelle présentation galénique antipaludéenne. Le groupe annonce aujourd'hui une forte montée en puissance dans ce domaine. Dans le cadre du quatrième forum mondial des sciences de la vie «Biovision» qui vient de se tenir à Lyon, Sanofi-Aventis s'est ainsi engagé à réduire les prix de certains médicaments et vaccins pour les populations démunies dans les pays pauvres, notamment en Afrique.«80% de la population mondiale n'a pas un accès normal aux médicaments, a souligné Jean-François Dehecq, PDG de ce groupe, lors de la clôture de ce forum. Donner une réponse en médicaments aux pays du Sud c'est un vrai challenge.»M. Dehecq a précisé que son groupe allait mettre à la disposition des populations des médicaments contre le paludisme, mais aussi contre la leishmaniose, la maladie du sommeil, la tuberculose et l'épilepsie, ainsi que des vaccins, à des prix réduits.Dans certains pays, «il y a des gens qui peuvent payer, il faut qu'ils continuent», a souligné M. Dehecq, mais des prix «différenciés» concerneront les populations les plus pauvres, populations identifiées comme telles notamment par les pharmaciens ou les autorités sanitaires locales.Le prix des antipaludéens sera notamment réduit, pour ces populations, dans une proportion comprise entre 70 et 85%. En pratique, chaque famille démunie obtiendra du pharmacien une carte lui permettant d'acquérir ces produits aux prix les plus bas. Un tel programme fonctionne déjà au Cameroun, au Gabon et à Madagascar. Il sera étendu à l'Afrique subsaharienne. Pour la maladie du sommeil, qui menace 60 millions de personnes en Afrique subsaharienne, le produit sera fourni gratuitement, dans le cadre d'un partenariat avec l'Organisation mondiale de la santé (OMS), et distribué par l'ONG «Médecins Sans Frontières». Pour ce qui est de la tuberculose, Sanofi-Aventis commercialise en Afrique du Sud une combinaison de quatre antituberculeux dans un même comprimé à prix coûtant «pour ceux qui ne peuvent pas payer».Toutes ces mesures coûteront «des dizaines de millions d'euros» à Sanofi-Aventis, a précisé à M. Dehecq à l'Agence France-Presse. «Ce qu'on fait là, c'est une amorce, a-t-il ajouté sans préciser le volume de médicaments distribués à prix réduit, ni le nombre de personnes concernées. Nous sommes prêts à produire cinq à six fois plus, l'objectif est de soigner le maximum de patients.»