Le récent travail de Claudine Biland1 dans lequel le lecteur peut découvrir que chacun d'entre nous ment en moyenne deux fois par jour ne constitue sans aucun doute qu'un mensonge supplémentaire attribuable aux tromperies des individus interrogés. Evidemment, il n'est pas nécessaire d'être un(e) grand(e) chercheur(se) pour reconnaître que nous ne cessons pas de mentir : à nos patrons, à nos collègues ou à nos employés, à notre concierge ou aux gardiens municipaux, mais également à nos proches et à nous-mêmes.Certes, tous ces mensonges ne prêtent pas à conséquences. Ils s'échangent même souvent sans que nous nous en rendions compte car il y a de nombreuses façons de mystifier : par omission, par falsification, ou simplement en escamotant des faits. Claudine Biland le montre cependant très bien : dans le commerce quotidien que nous entretenons avec ceux qui nous entourent, le mensonge est à la fois un péché nécessaire, une nécessaire hypocrisie et un véritable lien social.Là où j'ai pris un coup, ce n'est pas tellement sur la méthode à suivre pour devenir un menteur d'excellence, c'est en apprenant qu'il est aujourd'hui démontré sur la base de très sérieuses études que la majeure partie des gens surestiment très largement leur capacité à déceler les mensonges des autres. En fait, c'est même 80% des mensonges qui passent totalement inaperçus ce qui fait de nous de très mauvais détecteurs. Moi qui pensais encore que la lecture régulière des journaux et l'écoute appliquée des interviews accordés ci et là par les responsables sanitaires en Suisse pouvaient m'éviter de tomber dans le panneau. Erreur, erreur grave !Une question fondamentale se pose quand même. Si nous sommes des menteurs prolixes et si rien n'est plus difficile à débusquer qu'un menteur motivé, comment identifier les individus honnêtes qui s'expriment dans les médias lorsqu'ils se disent régulièrement inconsolables d'augmenter les impôts qu'ils s'étaient pourtant engagés à diminuer ; désespérés de ne pas parvenir à maîtriser le chômage ;
et qui nous préparent de nouvelles hausses des primes d'assurance maladie tout en affirmant qu'ils ont entrepris tout ce qui était en leur pouvoir pour faire fléchir la tendance ? Je n'ai évidemment pas de réponse à cette question mais je relève que la palme de la crédulité revient probablement à une jeune américaine de Virginie (http://www.ifoce.com). Saviez-vous qu'il se trouve là-bas une gérante de Burger King qui s'est montrée capable d'ingurgiter sans sourciller trente-cinq saucisses en dix minutes ? La veille de ce championnat d'engloutissement de saucisses, gagné d'une demi-saucisse s'il vous plaît, elle avait déjà obtenu un titre en Californie en engouffrant vingt-deux toasts au fromage à la suite.Ces remarquables performances nous permettent déjà de cerner le profil biopsychosocial du citoyen du XXIe siècle : à coup sûr, ce sera un électeur capable de gober de grandes quantités de n'importe quoi et qui restera de surcroît en assez bonne santé pour ne pas tomber malade.Bonne semaine.1 Psychologie du menteur. Paris : Editions Odile Jacob, 2004.