Depuis le bureau de l'Agence France-Presse de Londres, cette dépêche mandée le 14 mai : «Profitant de la mondialisation, de plus en plus de Britanniques choisissent de se faire opérer loin de chez eux, en Europe de l'Est, en Afrique du Sud ou en Inde. Comme un nombre croissant d'autres Européens et d'Américains, chaque année, plus de 10 000 patients anglais choisissent une opération à l'étranger, certains agrémentant leur voyage d'une visite touristique».Comment comprendre ? Sans doute faut-il redire ici que les Britanniques sont, dans leur pays, confrontés au choix délicat entre les «longues files d'attente de la médecine publique» et les «tarifs astronomiques du secteur privé». Si les attentes dans le National Health Service public (NHS) ont parfois tendance à diminuer, de nombreux patients doivent encore attendre des mois, voire des années l'intervention que leur état de santé réclame. «Je souffrais atrocement de la hanche et je n'aspirais qu'à me débarrasser de la douleur» raconte à l'AFP Angela Goldsborough, une Londonienne de 74 ans. Peu confiante dans le NHS, elle a choisi de faire remplacer sa hanche en Pologne et se dit ravie du résultat. Elle a déboursé en tout l'équivalent de 8750 euros, soit le tiers du coût de la même intervention dans le système privé britannique. Selon l'AFP, certains malades recherchent l'anonymat d'être à l'étranger dans la phase de convalescence après une opération de chirurgie esthétique. Lorraine Melvill dirige en Afrique du Sud «Surgeons and Safari» («Chirurgiens et Safari»), qui se présente comme l'une des principales entreprises au monde de ce qu'il est d'ores et déjà convenu d'appeler le «tourisme médical». Reflet d'un marché en pleine expansion, la société double chaque année son chiffre d'affaires depuis sa création en 1999.«Les consommateurs ont maintenant le choix, fait valoir Lorraine Melvill. La mondialisation touche toutes sortes de secteurs, alors pourquoi pas la médecine ?» La communication de «Surgeons and Safari» met l'accent sur la qualité des soins et les services plutôt que sur l'économie réalisée. Les patients rencontrent leur chirurgien en Grande-Bretagne avant leur voyage et peuvent ajouter un safari à leur forfait. Sonja Evans, 40 ans, a choisi l'Afrique du Sud il y a quatre ans, pour y faire «retendre la peau de sa ceinture abdominale après une grossesse». Au Royaume-Uni, elle avait le choix entre quatre ans d'attente dans le NHS ou une facture de 9000 euros dans le privé. Son opération lui a coûté 5400 euros, vol compris.La société «Med de Tour» a accueilli 70 patients britanniques en Inde l'année dernière, et déjà 55 cette année. Les interventions à cur ouvert sont pratiquées à partir de 3900 euros, soit cinq fois moins qu'au Royaume-Uni. Selon Sahar Ali, directrice du marketing de l'entreprise, l'un des atouts de celle-ci est que les patients britanniques ont une grande confiance dans les médecins indiens, très nombreux à exercer en Grande-Bretagne. Tous les médecins britanniques, reconnaît-elle, ne voient pourtant pas d'un bon il le tourisme médical. Chris Khoo, ancien président de l'association britannique des chirurgiens esthétiques, a fait part récemment de l'inquiétude de son organisation quant à une évolution «qui réduit la chirurgie à une simple marchandise» et mis en garde contre cette «approche consumériste».