Un groupe de chercheurs américains vient d'annoncer, dans les colonnes des Proceedings of The National Academy of Sciences (PNAS) datées du 17 septembre, avoir fait une découverte a priori importante concernant les mécanismes de mutation génétique à l'origine du syndrome de l'X fragile, cause la plus fréquente du retard mental héréditaire. Cette découverte pourrait être selon eux de nature à ouvrir des voies thérapeutiques vis-à-vis d'une affection qui, pour l'heure, est incurable et qui, le cas échéant, fait l'objet de la pratique du diagnostic préimplantatoire. Ce travail a été mené sur des cultures de neurones de rats de laboratoire, sur lesquels ces chercheurs sont parvenus à «inverser» les effets de la mutation génétique pathologique avec une substance ciblant spécifiquement le défaut génétique de certains récepteurs neuronaux au glutamate.Le syndrome de l'X fragile touche approximativement un garçon sur 4000 et une fille sur 8000. Cette pathologie n'entraîne pas de malformations majeures et les enfants affectés ont une croissance normale. Elle se manifeste chez les garçons surtout par un retard mental et des troubles du comportement parfois très handicapants. Les filles porteuses de l'anomalie souffrent d'un moindre retard intellectuel.On sait depuis une quinzaine d'années que cette maladie est liée à la mutation d'un gène situé sur le chromosome X et qu'elle résulte de l'absence de la protéine dénommée FMRP (Fragile Mental Retardation Protein). «Nous pouvons désormais expliquer le défaut génétique responsable du syndrome de l'X fragile et plus important encore, nous avons découvert le moyen de le corriger en laboratoire» a, non sans enthousiasme, déclaré à la presse le Dr Stephen Warren, professeur et titulaire de la chaire de génétique humaine à la faculté de médecine de l'université Emory à Atlanta (Géorgie), principal auteur de la publication.«Cette avancée est exaltante ; nous avons pu progresser depuis l'identification du gène responsable de ce syndrome en 1991 car nous avons désormais (
) la capacité potentielle de le traiter. Nous allons maintenant continuer à tester et identifier les traitements les plus efficaces pour corriger ces déficiences génétiques responsables de ce syndrome de l'X fragile.»C'est en 1991 qu'une équipe de généticiens et de biologistes français, dirigée par le Pr Jean-Louis Mandel (INSERM, Université de Strasbourg) avait annoncé dans l'hebdomadaire scientifique britannique Nature (daté du 14 février) la première découverte fondamentale de taille concernant les retards mentaux d'origine génétique «avec X fragile». Comme on le postulait alors, ce travail et d'autres devaient bientôt déboucher sur la mise au point de méthodes diagnostiques anténatales de cette affection après l'identification du gène défectueux et la protéine associée. Par la suite, l'équipe américaine qui publie aujourd'hui dans les PNAS avait centré ses recherches sur l'identification des conséquences spécifiques de la déficience de la protéine FMR dans le cerveau et des cibles thérapeutiques. Les récepteurs identifiés sont directement impliqués dans les communications interneuronales qui jouent un rôle essentiel dans les processus cognitifs et mnésiques.03.10.2007