Une consommation d’alcool nocive pour la santé (spectre allant de la consommation à risque jusqu’à la dépendance) a des conséquences directes connues, mais ses effets sur la prise en charge individuelle des problèmes médicaux sont moins bien décrits. Des chercheurs ont réalisé une analyse secondaire de données obtenues lors d’une étude randomisée testant l’impact d’une initiative qualité dans des cliniques de médecine générale faisant partie de sept centres médicaux de vétérans. Les 22 670 patients inclus dans l’analyse avaient reçu une prescription soit de statine, soit d’un antidiabétique oral, soit d’un antihypertenseur et avaient répondu à un questionnaire de dépistage d’un mésusage d’alcool.1 20% avaient des scores indiquant une consommation d’alcool nocive pour la santé. Sur la base des scores de dépistage, les patients étaient classés comme abstinents, avec une consommation faible ou (parmi ceux dépistés positifs) comme ayant une consommation nocive légère, modérée ou sévère.
Plus la consommation nocive d’alcool était sévère, plus l’adhésion2 aux statines et aux antihypertenseurs était faible. A une année, dans les analyses ajustées, l’adhésion était de 66% chez les abstinents, 63% chez les patients avec consommation nocive légère, 58% chez ceux avec consommation nocive modérée et 55% chez ceux avec consommation nocive sévère (p < 0,001).
Malgré une tendance similaire, on n’a pas trouvé d’association significative entre les scores de dépistage et l’adhésion au traitement antidiabétique oral.
Commentaires : La consommation d’alcool peut affecter l’adhésion thérapeutique de plusieurs manières. Certaines sont évidentes, comme l’intoxication et l’oubli. Mais de nombreux patients confient qu’ils ne prennent pas leurs médicaments quand ils boivent, afin d’éviter les possibles interactions et effets secondaires. Le dépistage de la consommation d’alcool a été évalué comme étant l’une des stratégies les plus efficaces (également en tenant compte de l’aspect coût–efficacité) pour la prévention. Cette étude suggère que ce dépistage est important, non seulement parce qu’il permet d’identifier un comportement à risque potentiellement modifiable, mais également parce qu’il nous aide à gérer la prise en charge de maladies chroniques en améliorant l’adhésion au traitement.