Nicotine, alcool, drogue chez la femme enceinte : quelles sont les conséquences à long terme sur l’enfant ? «A la naissance, chez le mammifère, le système de transmission de la majorité des synapses n’est pas encore arrivé à maturité. Or, le processus de maturation, qui a lieu pendant les premières semaines de la vie postnatale, est crucial pour le développement de l’enfant», rappelle le Pr Christian Lüscher au Département des neurosciences fondamentales de la Faculté de médecine de l’Unige.
L’équipe du Pr Lüscher a étudié les effets neuronaux de la prise de cocaïne in utero chez des souriceaux.1 On sait que la drogue traverse le placenta et cible le cerveau du fœtus, au niveau de l’aire tegmentale ventrale, ou zone de récompense, dont les neurones contiennent de la dopamine. Selon les résultats de cette étude, la cocaïne in utero retarde de plusieurs mois la maturation synaptique postnatale des neurones dopaminergiques, en inhibant l’activation de récepteurs au glutamate.
Si les souris sont touchées de cette façon, il est probable que tous les mammifères le soient également. Petit espoir, la modulation positive de ces récepteurs in vivo chez les souriceaux était suffisante pour rétablir la maturation, ouvrant la voie à un possible traitement. «Notre découverte représente une passerelle pour la communauté scientifique. Nos recherches vont à présent servir à d’autres chercheurs pour investiguer sur les implications comportementales», précise Camilla Bellone, premier auteur de l’article.