Cette étude suédoise de cohorte historique a tenté de savoir s’il existait une association entre l’annonce du diagnostic de cancer et le risque de décès consécutif par suicide ou mort d’origine cardiovasculaire. Pour ce faire, elle a suivi 6 073 240 Suédoises et Suédois âgés de plus de 30 ans entre 1991 et 2006. Parmi ces derniers, 534 154 ont été confrontés à l’annonce d’un diagnostic de cancer. Par rapport au groupe témoin, les patients chez qui l’on annonçait un cancer présentaient un risque relatif de suicide de 12,6 (IC 95% : 8,6-17,8) durant la première semaine après l’annonce du diagnostic (29 patients ; taux d’incidence 2,5 pour mille personnes/année). Le risque relatif était de 3,1 (IC 95% : 2,7-3,5) durant l’année suivant cette nouvelle (260 patients ; taux d’incidence 0,6 pour mille personnes/an). Le risque relatif de mort cardiovasculaire durant la première semaine après le diagnostic était de 5,6 (IC 95% : 5,2-5,9), soit 1318 patients (taux d’incidence 116,8 pour mille personnes/an). Le risque relatif était de 3,3 (IC 95% : 3,1-3,4) durant les quatre premières semaines après la nouvelle (2641 patients ; taux d’incidence 65,8 pour mille personnes/an) puis diminuait rapidement durant la première année.
Commentaire : Malgré les limites intrinsèques d’une étude de cohorte rétrospective bien conduite, la relation temporelle entre l’annonce du diagnostic et les décès rend l’hypothèse d’une causalité liée au stress très probable. Cette surmortalité – quoique faible en valeur absolue – nous rappelle que l’annonce d’un diagnostic de cancer n’est jamais banale et doit bénéficier d’une communication optimale. Certains partisans du dépistage du cancer à tout-va (et en marge de l’évidence…) feraient bien d’en être conscients avant de doser un PSA pour dépister un cancer de la prostate chez un homme de 80 ans !