En médecine, la démonstration de l’évidence dans la pratique clinique reste délicate. Malgré le nombre croissant de publications dans des revues de haute valeur scientifique, les cliniciens se retrouvent souvent face à cette conclusion vis-à-vis d’une conduite diagnostique ou thérapeutique : «De nouvelles études multicentriques, randomisées, dont les critères d’analyse sont précisément ciblés, et qui tiennent mieux compte de la puissance statistique de l’étude, sont encore nécessaires pour répondre à la question posée.»
«… professionnalisme, c’est-à-dire la subtile alchimie qui associe expertise et ouverture d’esprit …»
L’optimisation des connaissances non seulement en tant que masse de savoir, mais surtout en qualité de pouvoir d’analyse est un sujet de grande satisfaction pour celui ou celle qui décide d’en disposer. Par un effort personnel conséquent, il est important d’élargir sa curiosité intellectuelle afin de développer l’esprit critique nécessaire pour pallier ce manque d’évidence. C’est dans cette optique que nous incitons nos jeunes collègues à acquérir, en plus de leur bagage médico-technique de base, les outils leur permettant de remettre en question leur pratique afin d’affiner la prise en charge de leurs patients tout au long de leur expérience professionnelle. A cet égard, l’hôpital universitaire dispose d’un environnement particulièrement favorable. Dès lors, en tant que formateur dans un hôpital à visée académique, il nous faut à la fois suivre l’évolution de la spécialité, enseigner l’expérience dans le respect des lignes de conduite souvent réactualisées, partager le bon sens clinique dans certaines situations critiques et surtout inciter, voire forcer nos plus jeunes collaborateurs à assumer et argumenter leur choix. A la fin de leur cursus, très souvent sanctionné par plusieurs examens, nos médecins pourront non seulement agir en professionnels de la santé dans leur domaine de compétence, mais montrer ce que l’on nomme du professionnalisme, c’est-à-dire la subtile alchimie qui associe expertise et ouverture d’esprit. La poursuite de l’objectif, précédemment décrit, exige de nos instances administratives qu’elles se soucient davantage encore des conditions d’engagement de nos jeunes médecins cadres afin qu’ils se sentent épanouis au quotidien, ce qui leur permettra d’assumer les responsabilités dont ils ont la charge.
Bien que l’environnement économique encourage le secteur médical privé plutôt que public, certains de nos collaborateurs prennent conscience du rôle qu’ils seront amenés à jouer dans des pôles d’excellence dont les caractéristiques sont décrites dans les plans stratégiques des institutions académiques de Genève et Lausanne. Par ailleurs, l’énergie et l’enthousiasme de notre relève transparaissent dans la demi-douzaine d’articles de ce numéro. Au sein de celui-ci, le cancer de la prostate se taille la part du lion avec trois communications. Ce domaine urologique principal reste effectivement empreint d’une évidence mouvante, qui nécessite d’être revisitée.
Un effort particulier est consenti dans nos deux cliniques pour développer des centres du cancer de la prostate multidisciplinaires, dont Gregory Wirth et ses collaborateurs rapportent l’expérience genevoise.
Profitant de cette dynamique des développements romands, nous avons décidé de mettre en commun certaines de nos ressources dans l’implémentation des techniques minimales invasives pour le traitement du cancer localisé de la prostate. Massimo Valerio, Daniel Benamran et collaborateurs nous exposent le rôle de la thérapie focale dans le cancer de la prostate.
«… la responsabilité d’encourager ces jeunes collabo-rateurs à poursuivre leur carrière au sein des institutions académiques …»
Enfin, le cancer de la prostate est souvent l’affaire de personnes âgées. Vanessa Fenner et Christophe Iselin nous expliquent comment l’aborder dans ce groupe de patients.
L’urologie générale reste une préoccupation quotidienne. Urs Fritschi et collaborateurs nous détaillent les progrès techniques qui nous aident à optimiser le traitement du calcul urinaire en réduisant considérablement leur morbidité.
Certaines de nos préoccupations sont également celles des médecins de premier recours. Julien Renard et collaborateurs apportent des conseils quant à la prise en charge de l’incontinence urinaire de la femme. Yannis Vlamopoulos et Thomas Tawadros soulignent les spécificités entre une dysfonction érectile simple et le déficit androgénique de l’homme vieillissant.
Par la lecture de ces articles vous constaterez que notre relève existe. Non seulement les chefs de service, mais également les autorités administratives ont la responsabilité d’encourager ces jeunes collaborateurs à poursuivre leur carrière au sein des institutions académiques.
Merci de nous aider dans cette tâche.