L’hypnose suscite un engouement grandissant dans les soins. L’autohypnose est l’hypnose appliquée à soi-même. Il s’agit d’induire une transe personnelle à travers ses propres suggestions. La transe correspond à un phénomène dissociatif naturel généralement défini comme un état de conscience modifié. Celui-ci engendre des indices corporels et psychologiques observables de l’extérieur. Partant du principe reconnu qu’il est impossible d’hypnotiser une personne contre sa volonté, nous pouvons considérer que, d’une certaine manière, toute hypnose est autohypnose.
Le groupe semble être un setting favorable à l’apprentissage de cette technique. Il est envisagé comme un espace de transfert de compétences dans lequel les thérapeutes mettent sur pied un cadre favorisant la transmission des outils d’autohypnose. Milton Erickson, à la base de l’approche éricksonnienne en hypnose, enseignait luimême lors de séminaires par l’expérience et la transe.
Le processus d’apprentissage en groupe comprend des temps de transe collective, de dialogue et de psychoéducation. La pratique de l’autohypnose à domicile y est encouragée et régulièrement débattue.
Outre l’expérimentation de la transe hypnotique, les participants prennent conscience des états de transe naturelle provoqués et entretenus par des activités quotidiennes. Il s’agit de mieux identifier et utiliser un état que nous connaissons tous.
Le groupe d’autohypnose est envisagé comme un groupe de pairs (peer-group). Les participants réguliers, encouragés par les thérapeutes, prennent une place de plus en plus importante. Une forme de coaching par les pairs est activée. Elle contribue à accueillir les nouveaux participants et les soutenir dans leur processus d’apprentissage. Les remarques et conseils émanant des pairs semblent avoir un impact particulièrement important.
Le processus d’apprentissage dans ce cadre implique un mouvement non linéaire entre le groupe et l’individuel, des allers et retours incessants. Il existe des feedbacks constants entre les deux systèmes.
Selon Bonvin et Salem (2012, p. 32), l’apprentissage de l’hypnose se passe en trois phases (tableau 1).
C’est précisément ces phases que suivent les apprenants. La phase zéro et la phase un se pratiquent dans le groupe. Les hypnothérapeutes induisent des transes chez les participants. D’abord sur un seul mode, puis sur des modes variés (fixation visuelle, respiration, fixation du pouce, huiles essentielles…). L’entraînement se poursuit selon les demandes et besoins des participants. La phase deux correspond à l’élargissement des contextes d’apprentissage.
Dans le cadre du groupe, les participants «expérimentés» sont encouragés à conduire eux-mêmes une induction. Nous remarquons à ces occasions qu’ils ont intégré un vocabulaire hypnotique adéquat. Ceci témoigne pleinement de l’utilité de tels groupes dans le processus d’apprentissage de l’autohypnose.
L’induction est un ensemble de méthodes ouvrant la porte à la transe. Elle consiste à faciliter la focalisation de l’attention, modifiant ainsi la perception des stimulations de l’environnement et des sensations internes. Le stimulus utilisé pour l’induction est généralement monotone. Il s’agit de déterminer, par un diagnostic sensoriel, où se situe la personne sur l’échelle VAKOG (tableau 2).
Dans l’animation d’un groupe d’apprentissage de l’autohypnose, deux difficultés centrales émergent : l’attention du thérapeute doit être partagée entre tous les participants et les techniques doivent être variées et adaptées à chacun. Cela est rendu possible par des conduites thérapeutiques telles que la partialité multidirectionnelle, des suggestions ouvertes et la proposition d’alternatives. Il appartient à l’hypnothérapeute d’offrir aux participants la possibilité d’expérimenter plusieurs portes d’entrée en transe afin de découvrir son ou ses canaux privilégiés. Tout le VAKOG est exploré. Il s’agit d’un apprentissage par essais et erreurs, encadré par les thérapeutes. De plus, le feedback n’est pas aisé durant les transes collectives. Ceci peut représenter un certain stress pour le thérapeute débutant.
La pratique régulière de l’autohypnose peut engendrer de multiples bienfaits sur l’état de santé général de la personne. Cette technique est simple et s’applique à un grand nombre de situations cliniques et de pathologies.