Bien qu’il soit généralement admis que le travail est un facteur de salutogenèse,1 une charge de travail hebdomadaire importante (soit dépassant 50 h) est associée à certaines conséquences sur la santé telles que maladies cardiovasculaires ou dépression. L’étude dont il est question ici 2 a cherché à mettre en évidence un lien entre le fait de travailler beaucoup et une consommation d’alcool à risque. La méthode est une revue systématique de données d’études transversales et prospectives, publiées ou non, suivie d’une méta-analyse. Les auteurs sont parvenus à inclure 333 693 participants de quatorze pays (études transverses) et 100 602 participants de neuf pays (études prospectives), obtenant une puissance statistique suffisante pour conclure qu’un lien, faible mais significatif, existait bel et bien entre le fait de travailler plus de 48 heures par semaine et une consommation d’alcool dépassant 14 unités par semaine pour les femmes ou 21 pour les hommes. Le groupe contrôle était constitué de personnes travaillant de 35 à 40 heures par semaine. Les odds ratio sont de 1,11 (IC 95% : 1,05-1,18) dans les études transverses et 1,13 (IC 95% : 1-1,26) dans les études prospectives. En termes absolus, pour les études prospectives, l’augmentation observée de la prévalence de consommation à risque est de 0,8% (prévalence moyenne : 6,3%).
Commentaire : Il convient d’interpréter ces résultats avec prudence, aucun lien de causalité n’étant établi. De plus, on peut déplorer le fait que le travail ne soit abordé que sous l’angle de sa durée hebdomadaire, ce qui est probablement réducteur lorsqu’on songe au «vécu au travail». Néanmoins, cela soulève des questions intéressantes, surtout en termes de santé publique et, qui sait, peut-être qu’à l’avenir des informations sur le temps de travail seront intégrées dans les interventions brèves !