L’approche globale, relationnelle et motivationnelle proposée aux alcoolodépendants peut être rendue plus efficace par l’ajout de médicaments diminuant les envies de boire. Récemment, un nouveau modulateur du récepteur des opiacés s’est ajouté à celui bien connu qu’est la naltrexone. Après deux essais randomisés positifs (ESENSE 1 et 2), voici une analyse secondaire sur les patients à la plus haute consommation et qui ne s’étaient pas spontanément améliorés avant la randomisation. Il était question de déterminer si le bénéfice du médicament était plus fort dans ce sous-groupe. Des 1322 patients des études mères, 667 avaient un risque élevé de consommation selon l’OMS et ne s’étaient pas améliorés à la randomisation : 335 ont reçu le nalméfène (18 mg/j) les jours où ils l’estimaient nécessaire, et les autres un placebo. Tous ont reçu le standard psychosocial. Il s’agissait de 66% d’hommes ; d’âge moyen 48 ans. La surconsommation d’alcool datait de treize ans et était d’environ 10 à 11 verres standard/j (10 g d’alcool), le nombre de jours de forte consommation (> 6 verres pour les hommes, > 4 pour les femmes) était de 22 à 23/mois. 63,6% des patients placebo ont terminé l’étude, contre 53,5% pour le groupe nalméfène. Le groupe placebo a réduit sa consommation à 5,5 verres/j après six mois, le nalméfène a permis une réduction supplémentaire de 1,8 verre/j ; les jours de forte consommation ont chuté de neuf jours environ pour le placebo et de trois jours supplémentaires dans le groupe nalméfène.
Commentaire : Au total, malgré l’important taux de drop-out et le fait qu’il s’agit d’une analyse secondaire, nous pouvons considérer que le nalméfène apporte un bénéfice modeste lorsqu’il est ajouté au traitement non médicamenteux, qui reste nettement le plus efficace. Cette analyse secondaire nous rappelle que le médicament est probablement à réserver aux patients les plus atteints et qui ne s’améliorent pas à la suite des premières consultations. Surtout si l’on considère son prix !