L’ effet protecteur d’une consommation modérée d’alcool sur la mortalité est remis en cause par cette étude qui analyse dix cohortes de la Health Survey for England, recrutées entre 1998 et 2008. Les patients (50 ans et plus) sont répartis en deux groupes en fonction du mode d’autoévaluation de leur consommation : consommation d’alcool hebdomadaire moyenne durant l’année écoulée (18 368 participants) ou consommation maximale quotidienne lors de la semaine écoulée (34 523 participants). La comparaison entre «abstinents» et «buveurs» retrouve l’effet protecteur d’une consommation modérée d’alcool, mais après exclusion des anciens buveurs du groupe «abstinents», cet effet n’est retrouvé que chez les femmes de plus de 65 ans : celles consommant jusqu’à dix unités (10 g d’alcool pur) par semaine (HR : 0,77 ; IC 95% : 0,63-0,94), toutes celles du groupe «consommation quotidienne maximale», avec un pic protecteur entre 3,1 et 4,5 unités (0,58, 0,39-0,87) et celles consommant occasionnellement (2 fois ou moins de 2 fois par mois). Chez les hommes de 50 à 65 ans, l’effet protecteur est minime. Selon les auteurs, l’inclusion d’anciens buveurs dans le groupe de référence explique entre autres les résultats ayant jusqu’alors conclu à un effet bénéfique de l’alcool sur la mortalité. Un biais de sélection pouvant également être à l’origine de l’effet protecteur retrouvé ici chez les femmes plus âgées, d’autres études sont nécessaires pour confirmer ces données.
Commentaire : En attendant ces clarifications, les recommandations de l’OMS pour une consommation à faible risque restent d’actualité (maximum 21 unités par semaine pour les hommes, 14 unités pour les femmes, un jour d’abstinence par semaine, maximum 4 unités par occasion), faible risque signifiant bien que le risque existe d’une morbi-mortalité augmentée, notamment pour certains types de cancers.