Le diabète, surtout le diabète de type 2, est en constante augmentation sous nos latitudes et il est prévu que sa prévalence dans le monde atteigne 592 millions de personnes d’ici 2035.1 Cette augmentation est bien entendu à mettre sur le compte de notre style de vie actuel : accès croissant à tous types de nourriture en abondance, nourriture de densité calorique élevée, mais aussi sédentarité. Cette augmentation importante du nombre de patients atteints de diabète s’accompagne d’une augmentation absolue des complications dues au diabète, comme les problèmes cardiovasculaires, l’insuffisance rénale chronique dialysée, les amputations ou la cécité. Cependant, ces complications sont en nette diminution en termes de pourcentage sur les vingt dernières années, ce qui est plutôt rassurant. Ceci reflète probablement une meilleure prise en charge du diabète, plus précoce et plus intensive, permettant une meilleure survie de nos patients et dans de meilleures conditions.2
«… toutes ces nouvelles molécules n’ont pas fait la preuve de leur bénéfice à long terme …»
D’ailleurs, l’arsenal thérapeutique est en constante augmentation, comme on a pu l’observer ces derniers mois. En effet, l’année 2014 a vu l’arrivée sur le marché suisse des gliflozines, ces molécules qui inhibent la réabsorption du glucose au niveau rénal, entraînant ainsi une glucosurie, mais aussi une amélioration du contrôle glycémique avec un risque faible d’hypoglycémie, ainsi qu’une perte pondérale. Ces médicaments viennent compléter les traitements déjà disponibles, dont certains relativement récents. C’est le cas par exemple des gliptines (inhibiteurs de la DDP-4), ou des agonistes du récepteur au GLP-1. Pourtant, toutes ces nouvelles molécules, bien que très utiles dans la prise en charge quotidienne de nos patients, n’ont pas fait la preuve de leur bénéfice à long terme, notamment en ce qui concerne les complications du diabète ou la sécurité cardiovasculaire. Il conviendra donc de rester attentif aux données à venir en lien avec ces nouveaux traitements.
Cependant, d’anciens médicaments, comme la metformine, restent d’actualité, puisque les sociétés américaine et européenne du diabète, qui ont récemment mis à jour leurs recommandations, proposent toujours d’utiliser cette molécule comme pilier pharmacologique du traitement du diabète de type 2.3 Ce n’est pourtant que très récemment que le mode d’action de la metformine a été mis en évidence. Ces nouvelles données vous seront présentées dans ce numéro de la Revue Médicale Suisse consacré au diabète et vous permettront de faire le point sur les risques et bénéfices de ce médicament très largement prescrit.
Vous trouverez aussi dans ce numéro un article permettant d’aider le praticien à choisir entre les analogues du GLP-1 et les gliflozines, car ces médicaments ont des similarités, comme le risque très faible d’hypoglycémie, ce qui est souhaitable pour nos patients diabétiques. Par ailleurs, au vu de l’augmentation de la prévalence du diabète, et notamment chez les jeunes, nous vous proposons un article visant à clarifier la classification diagnostique du diabète, qui n’est pas toujours aisée de nos jours. En effet, on assiste au développement de diabètes de type 2 chez des patients de plus en plus jeunes, et qui ne sont pas forcément obèses.
Nous vous proposons aussi de faire le point sur la prise en charge du pied diabétique, une pathologie malheureusement encore fréquente et qui mène à des amputations qui pourraient être évitées avec une prévention et un enseignement adéquats aux patients. Un article fera le point sur le syndrome des ovaires polykystiques et son traitement. Finalement, de nouvelles données publiées en 2014 montrent que vouloir absolument éviter le sucre et le remplacer par des édulcorants de synthèse n’est pas forcément une bonne idée comme vous le verrez.
Bonne lecture à toutes et à tous.
«… on assiste au développement de diabètes de type 2 chez des patients de plus en plus jeunes …»