Largement utilisées pour réguler les taux de cholestérol et réduire le risque de maladie cardiovasculaire, les statines peuvent provoquer de façon reproductible irritabilité et agressivité chez certains patients. Pourtant, elles ont notamment pour effet chez les hommes de réduire les taux de testostérone, un facteur d’agressivité.
Afin de mieux définir les effets des statines sur le comportement, des chercheurs californiens ont inclus dans une nouvelle étude environ 700 hommes âgés de 20 à 70 ans et, contrairement à de nombreuses autres recherches, plus de 300 femmes, ménopausées, de plus de 45 ans. Tous ont pris des statines ou un placebo pendant six mois. Les statines utilisées étaient soit de la simvastatine, soit de la provastatine. L’agressivité a été estimée à partir d’une échelle évaluant les comportements agressifs verbaux, contre des objets, contre les autres ou contre soi.
Il en résulte que les statines affectent les individus de façon très inégale selon qu’on soit homme ou femme, jeune ou moins jeune. De façon significative, elles réduisent l’agressivité chez les hommes, principalement chez les hommes de moins de 40 ans, et l’augmentent chez les femmes ménopausées. Il est donc possible de prédire une diminution de l’agressivité grâce au sexe, à l’âge, à la baisse de la testostérone consécutive à la prise de statines pour les hommes et à l’amélioration du sommeil. La détermination des causes biologiques reliant statines et comportement est en cours.
Pour quelques individus, la prise de simvastatine a eu des effets opposés, qui peuvent s’expliquer par une augmentation des troubles du sommeil : «Les variations du taux de testostérone et de la qualité du sommeil prédisent des variations du comportement. Une réduction plus importante de la testostérone sous simvastatine est liée à une diminution plus importante de l’agressivité. Une plus grande augmentation des troubles du sommeil est associée à une plus grande augmentation de l’agressivité», résument les auteurs.