A propos de l’article de C. Delli Noci et C.Berna. Traumatisme et douleur chronique : échos et amplifications des souffrances physiques et psychiques. Rev Med Suisse 2015;11:1395-9.
Monsieur le Rédacteur,
Dans l’excellent numéro de la Revue Médicale Suisse consacré à la douleur (N° 480 du 24 juin 2015), C. Delli Noci et C. Berna publient un article remarquable sur la relation si complexe et délicate entre traumatisme et douleur chronique.
Félicitations aux auteurs de nous avoir décrit, de manière si précise et utile, cette relation durable aux effets pervers. Tous les médecins de famille sont confrontés à ces situations, souvent frustrantes. Les outils proposés par les auteurs contribueront sans aucun doute à faire diminuer cette frustration.
Un regret cependant : les auteurs utilisent le terme barbare de «somaticien», ce mot inventé par les psychiatres pour désigner ceux qui ne le sont pas. Un peu comme les Haut-Valaisans qui nomment «Üsserschwytzer» (les Suisses du dehors), les habitants de notre pays qui ne résident pas dans le Haut-Valais !
Un peu comme si les cardiologues, les orthopédistes, les ORL, etc, trouvaient un terme pour désigner les médecins qui ne sont pas de leur spécialité. Comme si ces spécialistes pensaient que les internistes-généralistes ne s’occupent pas du cœur, de l’appareil moteur, du nez, de la gorge et des oreilles, etc.
Ce terme cultive sournoisement l’idée que les médecins de famille ne s’occupent que du corps, ce qui est bien sûr assez naïf, à l’heure où l’on enseigne, depuis une génération au moins, le modèle biopsychosocial. J’avais évoqué cette naïveté dans une lettre du Québec, il y a bien des années déjà.1
Non seulement «somaticien» n’est pas un mot de la langue française, si l’on en croit Le Robert ou Le Larousse, mais son usage renforce le dualisme corps/esprit, clivage que les auteurs de l’article essaient justement de combattre !
De grâce, Mesdames et Messieurs les psychiatres, de grâce, glissez ce mot aux effets pervers dans la poubelle de vos ordinateurs et celle de votre cerveau.
Ceci mis à part, je remercie encore les auteurs de l’article pour l’excellence de leur contribution.