Les valeurs de TA cible chez les patients diabétiques ont été largement débattues cette dernière décennie. Une récente revue systématique démontre qu’un traitement antihypertenseur même si la TA est < 140 / 90 mmHg diminue le risque d’AVC et de néphropathie. Devons-nous modifier nos guidelines ? Cette revue systématique et méta-analyse a inclus 49 études avec un total de 73 738 patients diabétiques dont la plupart présentaient un diabète de type 2. Les résultats montrent que :
En présence d’une TAS > 150 mmHg, le traitement anti-HTA (TAH) réduit la mortalité globale (risque relatif 0,89, IC 95 % : 0,80-0,99), cardiovasculaire (0,75, 0,57-0,99), par infarctus (0,74, 0,63-0,87), par AVC (0,77, 0,65-0,91) et l’insuffisance rénale terminale (IRT) (0,82, 0,71-0,94).
En présence d’une TAS 140-150 mmHg, le TAH réduit également la mortalité globale (0,87, 0,78-0,98), par infarctus (0,84, 0,76-0,93) et par insuffisance cardiaque (0,80, 0,66-0,97).
Si la TAS est inférieure à 140 mmHg, un TAH augmente la mortalité cardiovasculaire (1,15, 1,00-1,32) avec une tendance non significative à une augmentation de la mortalité globale (1,05, 0,95-1,16).
Pour ces TAS basses, chaque baisse de 10 mmHg, par un TAH augmentait la mortalité cardiovasculaire (1,15, 1,03-1,29) et le risque d’infarctus (1,12, 1,03-1,22).
En conclusion, le traitement antihypertenseur diminue le risque de mortalité et morbidité cardiovasculaire chez les diabétiques avec une TAS supérieure à 140 mmHg. En revanche, chez les patients avec une TAS < 140 mmHg, un traitement antihypertenseur est associé à une augmentation de la mortalité cardiovasculaire.
Commentaire : Définir ou non une pression cible chez les diabétiques reste un casse-tête. Cet article ouvre la porte à des études qui pourront nous aider dans le choix des patients à traiter parmi ceux qui ont déjà une tension plus basse et chez lesquels un traitement ne serait pas bénéfique, voire délétère : ceux avec une TA limite, un risque cardiovasculaire de base faible, les patients fragiles ou les multimorbides. On reste donc dans l’air du temps : « less is more » !