L’expertise médicale et soignante permet d’intégrer au mieux dans la décision thérapeutique et le plan de soins les données probantes, la situation clinique du patient ainsi que ses préférences et ses actions.1 Selon la focale utilisée et le poids donné à ces différents aspects, la démarche peut être rapportée à la méthode clinique centrée sur le patient.2 Souvent, cette approche aboutit au constat qu’aucun acteur du dispositif ne peut répondre à lui tout seul aux attentes du patient et de ses proches. L’intervention d’autres professionnels, appartenant au domaine socio-sanitaire, s’impose comme une évidence.
L’allongement des trajectoires lors de maladies chroniques multiplie les acteurs, les lieux de soins et les temporalités de La prise en charge
Le Département de médecine interne et de gériatrie s’efforce de promouvoir au sein des équipes médico-soignantes la devise « travailler ensemble pour mieux soigner ».3 Plusieurs pratiques relevant de l’interprofessionnalié4 sont effectives au sein de notre établissement comme par exemple les colloques interdisciplinaires de gériatrie et d’oncologie ou les journées d’évaluation des patients atteints d’une maladie du motoneurone. Ces pratiques sortent également de l’hôpital comme le réseau de soins de proximité pour les patients oncologiques, coconstruit avec les médecins traitants et les infirmières des centre médico-sociaux ou indépendantes,5 et le programme « Soins intégrés BPCO Valais ».6
Isabelle Baszanger compare le malade à un « intermittent » du système de soins dans lequel « chaque professionnel pense et travaille le malade dans ses propres catégories, avec des outils et des objectifs différents » et potentiellement contradictoires.7 Les professionnels quels qu’ils soient sont également pensés et travaillés par les systèmes gestionnaires, financeurs et politiques. L’introduction des DRG ou du nouveau système de financement des séjours de réadaptation par exemple ont des répercussions sur tous les professionnels de la filière de soins, les patients euxmêmes ainsi que leurs proches. L’allongement des trajectoires lors de maladies chroniques multiplie les acteurs, les lieux de soins et les temporalités de la prise en charge. Un effort majeur de concertation et de coordination nous oblige à repenser nos pratiques.8
On l’aura compris, sans recul, les termes comme « le patient au centre » ou « l’interprofessionnalité » restent des notions écrans. Pour voir évoluer les prises en charge intégrant ces principes, il faut d’abord comprendre le contexte dans lequel les acteurs du système sanitaire évoluent. Ensuite, pour chaque décision prise, il est essentiel de pouvoir répondre à la question : à qui je rends service ? Enfin, le partage du pouvoir entre médecins, soignants, patients et proches, dans un respect mutuel, reste, à nos yeux, la clé de la réussite.