Il est important pour le médecin-interniste généraliste de connaître les nouvelles possibilités de la chirurgie. Celle-ci a fait de grands progrès, non seulement techniques, mais aussi dans la prise en charge périopératoire ; l’anesthésie a également beaucoup progressé et les prises en charge multidisciplinaires à l’aide de l’oncologie médicale, de la radiologie interventionnelle, de la radiothérapie entre autres, permettent des approches de plus en plus personnalisées des différents cancers. La chirurgie reste, pour les problèmes fonctionnels et surtout pour les cancers, une thérapeutique à visée curative. De plus, la prise en charge multidisciplinaire permet de rendre opérables, voire guérissables des patients porteurs de cancers qui ne l’étaient pas initialement.
Ainsi, la prise en charge multidisciplinaire du cancer localisé du rectum est décrite précisément dans un article fort instructif et il faut se souvenir qu’en 20 ans, le taux d’amputations nécessaires a diminué de manière importante pour se situer entre 5 et 10 % en 2017. De même, les prises en charge localisées sont devenues possibles.
Les recommandations de prises en charge multidisciplinaires sont certes importantes mais peuvent parfois être biaisées
Par ailleurs, la localisation des cancers de l’estomac s’est modifiée ces 15 dernières années avec une disparition des tumeurs de la partie distale de l’estomac et une augmentation importante des cancers de la jonction œsogastrique. A ce stade, il est important pour la prise en charge adéquate de ce type de tumeurs de savoir si la tumeur primaire est originaire de la muqueuse gastrique ou de la muqueuse œsophagienne.
La pancréatite aiguë n’existe pas uniquement en raison de la viticulture en Suisse romande, mais également en raison de la lithiase. Cela reste un problème important avec des décours parfois extrêmement compliqués et une mortalité qui n’est pas égale à zéro malgré les progrès immenses de tous les types de prise en charge, que ce soit aux soins intensifs, en chirurgie, en gastroentérologie interventionnelle.
Un autre problème à la frontière entre la gastroentérologie et la chirurgie est la hernie hiatale pour laquelle aujourd’hui la prise en charge diagnostique et thérapeutique est de mieux en mieux codifiée avec les avantages de la chirurgie comme traitement définitif bien documentés.
Egalement importante est la chirurgie endocrinienne. Il ne s’agit pas seulement d’un geste chirurgical laparoscopique mais bien d’une chirurgie dans un cadre de prise en charge multidisciplinaire avec nos collègues endocrinologues. Il serait faux aujourd’hui de traiter ces patients avec des lésions endocrinologiques chirurgicales sans prise en charge globale et coordonnée.
Les recommandations de bonnes pratiques et de prises en charge multidisciplinaires sont certes importantes mais peuvent parfois être biaisées en fonction de la spécialité ayant pris le leadership de leur rédaction. Ainsi, en ce qui concerne le traitement chirurgical du carcinome hépatocellulaire, les recommandations actuelles sont probablement trop restrictives et la chirurgie qui reste l’option thérapeutique numéro 1 (hormis la transplantation hépatique) pourrait être offerte à un plus grand nombre de patients. Vous trouverez dans ce numéro de la RMS un article qui passe en revue les options chirurgicales à la frontière des recommandations.
Le chirurgien en 2017 aime toujours à se considérer comme celui qui offre des options thérapeutiques curatives, il faut néanmoins rappeler que l’art chirurgical évolue grandement et que la multidisciplinarité est un enrichissement en faveur du patient. C’est avec grand plaisir que nous travaillons avec nos collègues des autres spécialités et nous vous souhaitons bonne lecture de ce numéro.