Les crampes nocturnes (CN) des jambes sont fréquemment rapportées et sont associées à une diminution de la qualité du sommeil et de la vie. Elles sont le plus souvent idiopathiques, et même si des facteurs favorisants sont connus, peu d’interventions sont efficaces. La quinine, bien qu’efficace, est associée à un risque d’effets secondaires trop important, et c’est donc le magnésium oral (MO) qui est le plus souvent prescrit, et ceci bien qu’aucune donnée clinique ne soit disponible. Afin de tester l’efficacité du MO, les auteurs de cette étude interventionnelle monocentrique israélienne, randomisée et contrôlée, ont inclus 94 patients rapportant des CN invalidantes durant une période de screening de 2 semaines et les ont randomisés en deux groupes (520 mg de MO sous forme d’oxyde, et placebo). Après 4 semaines, l’issue d’intérêt primaire observée était la fréquence de CN, rapportées à l’aide d’un journal structuré, avec une hypothèse de supériorité pour le MO. Les résultats montrent une diminution importante des CN dans les deux groupes (MO 48,4 %, placebo 29,5 %), la fréquence n’étant pas différente entre les deux groupes à la fin de l’observation, des issues secondaires, notamment sur la qualité de vie ne différant pas non plus. Les auteurs concluent que le MO n’est pas plus efficace que le placebo, l’effet de ce dernier étant lui-même significatif.
Commentaire : Cette petite étude de méthodologie simple – mais parfaitement adéquate – répond efficacement à une question cliniquement pertinente portant sur une pathologie bénigne mais invalidante. Elle montre que le MO n’a pas d’efficacité significative au-delà de l’effet placebo. On peut critiquer le caractère unicentrique, la courte durée d’observation, le faible échantillon de population avec possibilité de manque de puissance, ou la posologie du MO utilisée, mais il s’agit là de la meilleure évidence disponible actuellement. Il est possible que d’autres études cliniques viennent modifier l’évidence dans le futur, mais on ne peut actuellement pas conseiller ce traitement sur la base de son efficacité. Mais un point intéressant doit être relevé : l’effet placebo constaté dans cette étude est l’un des plus importants rapportés dans la littérature médicale ! Le MO n’est-il qu’un simple placebo ? C’est probable… Faut-il alors l’abandonner ? Pourquoi ne pas l’utiliser justement comme un placebo « déguisé », probablement plus facilement accepté par les patients sous cette forme ? Tout est alors une question du prix de vente, qui évidemment doit être proportionnel à l’effet pharmacologique réel !