Daté de fin octobre, le dernier rapport de l’OMS 1 sur la peste à Madagascar recensait 1296 cas sur la Grande Ile : 846 atteintes pulmonaires, 270 pestes buboniques et 180 cas non spécifiés. Ils ont été à l’origine de 102 décès. Le nombre de nouveaux cas quotidiens est passé de 30 à 40 (entre le 1er et le 17 octobre) à 140 en moyenne depuis le 18 du même mois. Parmi les 846 cas pulmonaires, 91 ont été confirmés et 407 ont été considérés comme probables.
L’Institut Pasteur de Madagascar, en charge des diagnostics, annonce pour sa part avoir analysé 793 échantillons, et confirmé formellement 126 échantillons (par PCR ou après mise en culture). Par ailleurs, 242 tests de détection rapide se sont révélés positifs. Tous les autres cas sont considérés comme suspects. Au total, 14 des 22 régions du pays sont désormais atteintes ; le district de la capitale, Antananarivo, est le plus concerné avec 63,6 % des cas. Les autorités sanitaires malgaches, en concertation avec l’OMS, ont pu proposer une antibioprophylaxie à 1621 des 2476 personnes ayant été en contact très proche avec un malade confirmé.
L’OMS considère aujourd’hui comme « très élevé » le risque de peste pour l’ensemble de la population, et ce en raison du nombre important de patients concentrés dans les zones urbaines où les densités de population sont élevées. Les équipes en place sur le terrain ont pour mission de proposer « une stratégie de prévention et de contrôle fondée sur des effecteurs de surveillance, de diagnostic, de traitement curatif et préventif ».
« Neuf centres de soins dédiés ont été individualisés, dont six dans la capitale. Trois cents techniciens d’hygiène ont déjà été formés, ainsi que quarantecinq soignants qui ont ensuite été déployés dans la population, précise le site Medscape France. Un numéro de téléphone spécifique, le 910, est accessible à la population. En cas de suspicion importante de peste, des ambulances dédiées sont disponibles. »
Dès les premiers jours d’octobre, l’OMS avait alerté sur le risque de dissémination de la maladie et insisté sur les mesures à mettre en place au sein des aéroports. Plusieurs pays (les Comores, Maurice, l’Afrique du Sud, l’Irlande, Hong Kong, les Emirats arabes unis) ont choisi de vérifier la température des voyageurs en provenance de Madagascar et de mettre en quarantaine toutes les personnes fébriles. Certaines compagnies aériennes ont d’ores et déjà suspendu les vols sur Antananarivo.
Comment savoir, simplement, si un patient est conscient lorsque ce dernier est incapable de communiquer ? La réponse est publiée dans Annals of neurology.2 Une étude menée chez 127 patients âgés de 17 à 80 ans y démontre que la modification des battements cardiaques, en réponse à une stimulation sonore, constitue, de manière surprenante, un bon indicateur de l’état de conscience. Ce travail a été conduit par un groupe de chercheurs dirigés par le Pr Jacobo Sitt (Inserm, Institut du cerveau et de la moelle épinière, hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris). Il s’agit ici d’un examen facile à réaliser, qui peut compléter les tests déjà existants et qui permet un diagnostic prédictif plus fin, utile à la fois aux médecins et aux familles.
On sait que l’étude des troubles profonds de la conscience distingue, schématiquement, « l’état végétatif » de « l’état de conscience minimale ». On sait aussi que la distinction entre ces deux états est très importante pour établir un pronostic sur le devenir neurologique du patient, pour informer les proches et mettre ainsi en œuvre un traitement adapté. Or tous les outils diagnostiques développés jusqu’à présent pour déterminer l’état de conscience, comme l’électroencéphalogramme (EEG), l’IRM fonctionnelle ou le PET-scan (qui se concentrent sur les activités cérébrales) nécessitent soit un équipement lourd, soit des analyses complexes.
Les chercheurs français ont, quant à eux, utilisé une approche novatrice : l’exploration des interactions entre le cœur et le cerveau. Ils rappellent que de précédentes études avaient mis en évidence le fait que les processus «inconscients» du système neuro-végétatif (comme la respiration ou les battements du cœur) pouvaient être modulés par des processus cognitifs conscients. Ainsi, la perception d’une stimulation externe (auditive par exemple) pourrait se traduire par un effet sur l’activité cardiaque – et cela d’autant plus facilement que le sujet est conscient.
Le test consiste ici à faire écouter des séquences sonores initialement répétitives puis présentant, de manière rare et aléatoire, des variations. Lors de ces perturbations, les chercheurs déterminent si le rythme des battements cardiaques s’en trouve modifié, traduisant une prise de conscience des bruits environnants.
En étudiant les données de 127 patients en états végétatifs ou de conscience minimale, les auteurs de ce travail ont constaté que les cycles cardiaques étaient effectivement modulés par la stimulation auditive – et ce uniquement chez les patients conscients ou minimalement conscients. Ils ont également démontré que ces résultats étaient complémentaires des résultats obtenus en EEG. La combinaison de ces deux tests (test cardiaque et EEG) améliore nettement les performances de prédiction de l’état de conscience d’un patient.
« Ces résultats ouvrent de nouvelles perspectives sur une approche globale pour évaluer l’état de conscience des patients » estiment les auteurs.