Les résistances bactériennes aux antibiotiques ne cessent de progresser. Ce phénomène est aujourd’hui observé à la fois dans les pays à faible et à fort revenus mais avec de fortes disparités, vient d’annoncer l’Organisation mondiale de la santé, dans le premier rapport du GLASS (Système mondial de surveillance de la résistance aux antimicrobiens).1 Adopté en 2015, ce système vise à une approche standardisée de la collecte, de l’analyse et de la communication des données sur la résistance aux antimicrobiens.
« Il a pour but de regrouper les données cliniques, épidémiologiques et de laboratoire sur les agents pathogènes représentant les plus grandes menaces pour la santé dans le monde, souligne l’OMS.2 Le manuel du GLASS décrit en détail la démarche proposée pour mettre en œuvre à un stade précoce ce système de surveillance qui se focalisera sur les bactéries résistant aux antibiotiques ». A noter que la tuberculose, l’infection à VIH et le paludisme (également con-cernés par les phénomène de résistance) n’ont pas été intégrés dans GLASS, car faisant l’objet de surveillances spécifiques.
Pour ce premier rapport, 40 des 52 pays participant à ce système (25 à haut revenu, 20 à revenu moyen et 7 à faible revenu) ont fourni des données de surveillance nationale. Toutefois seuls 22 ont fourni des données renseignant le niveau d’antibiorésistance. Sur cette base, l’OMS évalue aujourd’hui à 500 000 le nombre de personnes ayant présenté une infection bactérienne antibiorésistante en 2016-2017. Les infections présentant le plus de résistances étaient dues aux germes les plus fréquemment retrouvés : Escherichia coli, Klebsellia pneumoniae, Staphylococcus aureus, Streptococcus pneumoniae (17 des 22 pays sont concernés) et Salmonella spp. (15 pays). Les taux de patients, porteurs d’un germe résistant à au moins un antibiotique habituel, varient grandement selon les pays : de 0 à 51 % pour la pénicilline ; 8 à 65 % des infections urinaires à E. coli étaient résistantes à la ciprofloxacine.
actuellement un tiers des pathologies hépatiques chroniques sont d’origine non virale
L’OMS estime que la mise en place de GLASS (qui reste à améliorer) s’est déjà traduite par des améliorations de systèmes de surveillance d’antibiorésistance au Kenya, en Tunisie, en Corée du Sud ou encore en Afghanistan ou au Cambodge.
Les organisateurs de la Paris Hepatology Conférence qui s’est tenue les 15 et 16 janvier à Paris, ont plaidé pour un dépistage à grande échelle des maladies chroniques du foie par le biais du dosage des transaminases. Avec, en ligne de mire, la prévalence croissante des stéatoses hépatiques non alcooliques – pathologie encore mal connue qui toucherait désormais plusieurs dizaines de millions de personnes en Europe.
Rappelons que la stéatopathie non alcoolique (non alcoholic fatty liver disease, NAFLD) se caractérise par une accumulation anormale de graisse intrahépatique en l’absence de consommation excessive d’alcool. La NAFLD inclut la stéatose dite simple, la forme inflammatoire ou stéatohépatite (non alcoholic steatohepatitis, NASH), la fibrose débutante ou extensive, la cirrhose et le carcinome hépatocellulaire.3
En France, les spécialistes estiment entre un et deux millions le nombre des personnes directement concernées et dont l’état va vers une cirrhose et possiblement un cancer. « Ce chiffre est sûrement sous–estimé » estime le Pr Marcellin (Hôpital Beaujon, AP-HP) pour qui il faut alerter au plus vite les pouvoirs publics. « La NASH rassemble tous les critères de l’OMS pour en faire une maladie à dépister, a-t-il expliqué au Quotidien du Médecin. C’est une pathologie silencieuse, avec une mortalité et une morbidité importantes. Il existe de plus une prise en charge efficace si elle est précoce. Les transaminases doivent figurer dans les tests de routine, et un niveau même un peu élevé doit déclencher un signal d’alarme chez les médecins généralistes. »
« Le dosage des transaminases a toutes les caractéristiques pour être utilisé dans un dépistage de masse, sa sensibilité supérieure à 75 %, son taux de faux positifs est inférieur à 10 %. Il est simple, fiable, rapide et peu coûteux », souligne pour sa part le Dr Lawrence Serfaty (Hôpital Saint-Antoine, AP-HP).
En 2012, une enquête menée chez 352 gastroentérologues français4 avait montré que plus de 90 % des patients chez qui une NASH était diagnostiquée leur avaient été adressés à la suite d’un ensemble de signaux parmi lesquels un taux élevé de transaminases. Le Dr Serfaty s’attend à « un bouleversement des typologies de maladies chroniques du foie dans les années à venir ». Alors qu’actuellement un tiers des pathologies hépatiques chroniques sont d’origine non virale, les NASH représentant 10 % du total, les maladies du foie d’origine non virale représenteront selon lui la moitié des pathologies chroniques hépatites, et les NASH 25 %. « La prévalence de la NASH suit celle de l’obésité, analyse le Dr Serfaty. Bien que l’on ait aussi des NASH chez des patients non obèses : un patient qui se gave de soda, de fructose et de graisses saturées peut développer la maladie sans être obèse. »
On peine à imaginer l’équivalent en France ou en Suisse. Soit l’histoire américaine, aux frontières du vraisemblable, de Brenda Fitzgerald, 71 ans, bardée de diplômes, ayant gravi tous les échelons, que l’on croyait au-dessus de tout soupçon. Et qui ne l’était pas. Brenda Fitzgerald qui ne sera restée que sept mois à la tête des puissants Centers for Disease Control and Prevention (CDC). On lira tous les détails de cette invraisemblable affaire dans The New York Times5 et sur le site de Medscape.6 On lit. On réfléchit. Imaginer l’équivalent en France ? Outre-Atlantique, ce scandale est la conséquence des révélations du magazine Politico sur les liens d’intérêts récurrents de Mme Fitzgerald avec les industries du tabac, de la pharmacie et de l’industrie agroalimentaire.
Brenda Fitzgerald aurait acheté, pendant son mandat, pour des dizaines de milliers de dollars d’actions de Japan Tobacco, Merck &Co, Bayer, Humana et US Food Holding Co. Les journalistes de Politico, Sarah Karlin-Smith et Brianna Ehley précisent qu’au moment de sa nomination par l’administration Trump, le Dr Fitzgerald détenait déjà des actions de cinq grands cigarettiers Reynolds American, British American Tobacco, Imperial Brands, Philip Morris International et Altria Group Inc.
« Il s’agit d’une certaine forme d’inconscience pour un directeur des Centers for Disease Control and Prevention d’acheter des actions à un industriel du tabac un mois après être entré en fonction comme haut représentant de la santé publique de la nation », explique le Dr Peter G Lurie, Président du Center for Science in the Public Interest. Simple inconscience ou esprit de lucre ?