L’American College of Cardiology (ACC) vient de publier ses nouvelles recommandations, et propose de viser une tension artérielle (TA) inférieure à 130/80 mmHg en prévention primaire. Une méta-analyse regroupant 74 études, soit un suivi de 1,2 million de patients par année, vient pourtant questionner cette nouvelle cible. Les études ont été réparties en deux groupes : prévention primaire ou secondaire. En prévention primaire, si la TA est à >160 mmHg, l’instauration d’un traitement permet d’observer une diminution du risque relatif de la mortalité cardiovasculaire 15 % (RR 0,85, IC 95 % : 0,77-0,95) et des événements cardiovasculaires majeurs, définis comme AVC et syndrome coronarien (RR 0,78, IC 95% : 0,70-0,87). Par contre, pour une TA < 140 mmHg, il n’y a aucune diminution du risque relatif concernant ces différents paramètres chez les patients traités versus des patients sans traitement instauré. En prévention secondaire (post-maladie coronarienne ou AVC), l’instauration d’un traitement antihypertenseur n’a aucun effet sur la mortalité. Par contre, il y a un effet sur la morbidité avec une diminution des événements CV majeurs, de l’IC (résultats significatifs) et des récidives d’AVC (résultats non significatifs). Et ceci malgré une baisse de la TA très modeste (3,8 et 5,9 mmHg respectivement).
Commentaire : cette méta-analyse questionne clairement l’intérêt d’instaurer un traitement antihypertenseur en prévention primaire chez les patients avec une TA < 140 mmHg, allant à l’encontre des nouvelles recommandations de l’ACC. Attendons donc de voir comment se positionnera l’European Society of Cardiology (ESC). En prévention secondaire, l’intérêt d’un traitement semble surtout résider dans la diminution de la morbidité.