Après une infection à SARS-CoV-2, une immunité humorale et cellulaire se développe chez l’immense majorité des patients, et semble protéger contre une nouvelle infection par le virus, qui est un événement rarement rapporté. C’est également le but recherché par la vaccination, qui comme l’infection déclenche une activation de la réponse immune, avec une différenciation spécifique de lymphocytes B et T possédant la capacité de neutraliser le virus. La description précise de l’évolution de cette immunité protective est essentielle pour déterminer son efficacité à long terme. En effet, même si cela reste rare, des cas de réinfection sont décrits dans la littérature, et le recul actuel ne permet pas d’assurer une protection de longue durée. C’est dans ce but que les auteurs de ces deux publications ont analysé de manière extensive la réponse immune humorale et cellulaire de collectifs de patients infectés (102 au total), en la comparant à celle des personnes n’ayant pas contracté l’infection dans une des études. Dans ces deux études, si le titre des anticorps IgG spécifiques dirigés contre la protéine Spike du SARS-CoV-2 diminuait significativement à 3 mois (baisse de 80 % à 6 mois dans l’étude de Gaebler), la persistance en nombre constant de lymphocytes B et T mémoires, capables d’exprimer respectivement des anticorps bloquant et des cytokines activant la réponse immune (IL-2 et IFN-gamma), est un élément suggérant une immunité protective durable.
Commentaire : Ces deux études complexes nous offrent une analyse détaillée de la réponse immune adaptative à une infection par le SARS-CoV-2, avec mise en évidence d’une protection résiduelle humorale et cellulaire pendant au moins 3 à 6 mois. Même si ces observations sont limitées dans la durée d’observation après l’infection, et si le nombre total de patients investigués est faible, ces résultats sont encourageants, à la fois quant au risque très limité de réinfection à distance de l’épisode initial, et probablement quant à l’efficacité de la vaccination pour une protection au long cours. Évidemment, seul un recul allant bien au-delà de ces quelques mois pourra permettre d’être définitivement affirmatif quant au caractère persistant – voire permanent – de cette immunité adaptative. Les données de Gaebler suggèrent que des « restes » viraux pourraient être à l’origine de cette réponse persistante, stimulant à bas bruit de manière prolongée le système immunitaire. Ces restes viraux, qui ont été mis en évidence notamment dans les cellules intestinales de certains patients, pourraient également être impliqués dans le développement de symptômes aspécifiques chez certains patients présentant un Covid long, du fait d’une réaction immune persistante. Affaire à suivre !