En 2021, les maladies non transmissibles ont causé 43 millions de décès dans le monde, dont un tiers sont attribuables à quatre industries majeures : tabac, alcool, aliments ultratransformés et combustibles fossiles. Dans ce contexte, peut-on encore expliquer la mauvaise santé uniquement par les choix individuels ? L’approche des déterminants commerciaux de la santé, de plus en plus abordée dans la sphère de la santé publique, examine les causes structurelles de ces « épidémies industrielles » et met en lumière l’influence des acteurs économiques sur la santé des populations. Elle incite les professionnel-les de santé, les décideuses et décideurs et les organisations à évaluer l’impact des stratégies industrielles sur les comportements de consommation, tout en plaidant pour la mise en place de réglementations adaptées.

Cet article examine le développement des lois de prévention du tabagisme en Suisse. Parmi les étapes-clés figurent l’interdiction de publicité à la télévision en 1964, l’introduction des avertissements sanitaires sur les paquets en 1980 et l’ordonnance sur le tabac en 1995. Depuis les années 2000, les lois cantonales ont joué un rôle pionnier. La loi fédérale sur la protection contre le tabagisme passif est entrée en vigueur en 2010, suivie de la loi sur les produits du tabac en 2024. Les progrès ont été modestes et lents, freinés par le manque de volonté politique et l’influence de l’industrie du tabac. Les facteurs de réussite incluent les données scientifiques, la dénormalisation du tabac, la pression publique et les coalitions. Ces leçons peuvent aider à réglementer les déterminants commerciaux de la santé.