La production alimentaire est une source majeure de dégradations environnementales autour du monde et contribue au dépassement de plusieurs des limites planétaires 1 - 2 . Par exemple, on estime que l’agriculture et l’élevage sont en effet responsables de 20-30 % des émissions globales de gaz à effet de serre (GES) 3 - 5 . Ces émissions sont composées principalement d’émissions de protoxyde d’azote (N2O) dues aux épandages d’engrais et des effluents d’élevage, et des émissions de méthane (CH4) dues à la fermentation entérique des ruminants. La conversion d’habitats naturels en terres agricoles est la cause majeure de déforestation, de fragmentation d’habitats naturels et de perte de biodiversité autour du monde. Ces pratiques menacent de plus les puits de carbone naturels et contribuent d’autant aux émissions de GES. L’apport massif d’engrais de synthèse et de fumiers conduit à des excédents d’azote et de phosphore dans les lacs ou les zones côtières, qui résultent en une prolifération d’algues et de plantes qui en se décomposant asphyxient ces milieux (eutrophisation). L’utilisation de pesticides contribue au déclin de la biodiversité 6 et à la pollution des sols et des réserves d’eau.
La production d’aliments d’origines animales est généralement plus intensive en ressources utilisées et plus émettrice en GES que les produits d’origines végétales 2 . Par exemple, les légumineuses, les œufs, les produits laitiers, la volaille et la viande de ruminants ont des empreintes moyennes de 0,3, 6,8, 9,1, 10,0 et 62,3 g CO2 g-1 de protéines 2 . À noter toutefois que les pratiques agricoles et le transport influencent également l’empreinte carbone effective des aliments.
Les tendances globales montrent que les régimes évoluent vers une consommation de produits plus carbonés, avec notamment une large augmentation de la consommation de produits d’origines animales 1 , 4 , 6 , 7 . En se basant sur une augmentation projetée de la population mondiale d’environ 30 % (8,5-10 milliards en 2050), et une évolution des régimes qui suit l’évolution projetée du niveau de vie, d’ici à 2050 les émissions de GES liées à l’alimentation pourraient augmenter de 80-90 %, les surfaces agricoles de 67 %, l’utilisation d’eau potable de 65 % et l’application de phosphore et d’azote par 54 et 51 % respectivement 2 , 4 .
Si la production alimentaire a un impact majeur sur l’environnement, la FAO estime pourtant que 20 à 30 % des aliments produits sont gaspillés ou perdus au cours de la chaîne d’approvisionnement ou par les consommateurs 8 . La nourriture produite mais non consommée utilise ainsi près de 30 % des terricoles agricoles mondiales, avec une empreinte carbone estimée autour de 4 gigatonnes de CO2-eq par année 9 .