Deux lettres parues en décembre 2007 dans le Lancet viennent nous rappeler que même les confrères exerçant dans des pays « civilisés » peuvent être pris en tenaille entre éthique professionnelle et pressions politiques. La première1 mentionne l’initiative de l’association PHRI-Israël (Physicians for human rights) qui a entrepris de dénoncer comme crime de guerre le défaut d’accès aux soins des habitants de la bande de Gaza. Depuis juin, 44 patients sont décédés en lien direct avec le manque de soins, 85 médicaments essentiels sont en rupture de stock et les coupures de courant rendent les dialyses et la ventilation artificielle périlleuses. Les auteurs soulignent que l’association médicale israélienne (AMI équivalent de notre FMH) reste silencieuse sur ce point, comme sur la question de l’implication de médecins dans les actes de torture envers des détenus palestiniens, dûment documentés lors de gardes à vue ou d’emprisonnement. Alors même que, en tant qu’organe officiel, l’AMI est garante de l’éthique de la profession médicale. Dans un autre numéro,2 un responsable de l’AMA (American medical association) relate que, depuis deux ans, son association a multiplié les démarches auprès du ministère de la Défense des Etats-Unis pour rappeler aux médecins militaires les principes éthiques de base et les fondements du protocole d’Istanbul (non-implication des médecins dans la torture, soins aux victimes et dénonciation des actes). Il précise que l’AMA a visité le camp de Guatanamo, où des confrères auraient participé à des interrogatoires de détenus et auraient été impliqués dans l’alimentation forcée de grévistes de la faim. Mais il conclut que l’AMA ne peut être certaine que les principes de base de l’éthique médicale soient mis en pratique par les médecins travaillant au ministère de la Défense.
Commentaire : L’année nouvelle se prête aux bonnes résolutions. A défaut de s’engager comme médecin au CICR (dont le chargé de communication a lui aussi signé une lettre3 dans le Lancet), quelques clics sur le site internet de l’association médicale mondiale (www.wma.net) permettent de se mettre à jour en matière d’éthique. On ne gagne pas de points de formation continue, mais l’indépendance n’a pas de prix!